ven 22 août 2025 - 11:08

Mathusalem Var : un soutien aux anciens Francs-maçons pour briser l’isolement

Une initiative face à la solitude des aîné(e)s maçon(ne)s

Dans un monde où la solitude touche de plus en plus de personnes âgées, une association locale du Var, Mathusalem Var, s’engage à lutter contre cet isolement en offrant un accompagnement spécifique aux anciens francs-maçons. Comme le rapporte Var-Matin dans un article publié récemment, cette initiative vise à renouer les liens fraternels au sein de cette communauté souvent discrète, tout en répondant à des besoins humains universels.

À une époque où les valeurs de solidarité et de fraternité sont mises à l’épreuve, cette démarche illustre une facette méconnue de la franc-maçonnerie : son rôle social au-delà des temples. Cet article explore les origines de Mathusalem Var, ses actions, son impact, et les enjeux qu’elle soulève pour les obédiences maçonniques comme le Grand Orient de France (GODF).

Contexte : La solitude, un fléau silencieux

La solitude des personnes âgées est un phénomène croissant en France, amplifié par le vieillissement de la population et les bouleversements sociaux. Selon l’INSEE, environ 1,5 million de personnes de plus de 75 ans vivent isolées, un chiffre qui ne cesse d’augmenter avec l’urbanisation et la diminution des réseaux familiaux traditionnels. Dans ce contexte, les anciens francs-maçons, souvent retirés des activités de leurs loges après des décennies d’engagement, se retrouvent particulièrement vulnérables. La discrétion imposée par leurs anciens vœux maçonniques, combinée à l’âge et parfois à des problèmes de santé, peut accentuer leur retrait social. Mathusalem Var, née de cette prise de conscience, s’efforce de combler ce vide en s’appuyant sur les valeurs fondamentales de la franc-maçonnerie.

Les origines de Mathusalem Var

Fondée il y a plusieurs années dans le département du Var, Mathusalem Var est une association qui s’inspire directement des principes de fraternité et de soutien mutuel chers à la franc-maçonnerie. Selon Var-Matin, l’initiative a été lancée par d’anciens membres et sympathisants des obédiences locales, qui ont constaté une montée de l’isolement parmi leurs pairs. L’association tire son nom de Mathusalem, figure biblique symbolisant la longévité, un clin d’œil aux aînés qu’elle cherche à accompagner. Son objectif est clair : maintenir un lien social et émotionnel avec ces hommes et femmes qui ont consacré une partie de leur vie aux idéaux maçonniques, qu’ils soient encore actifs ou en retrait.

L’association collabore étroitement avec les loges varoises, qui identifient les membres âgés en difficulté, et s’appuie sur un réseau de bénévoles formés pour offrir visites à domicile, appels réguliers et organisation d’événements conviviaux.

Ces activités permettent de raviver le sentiment d’appartenance à une communauté, un pilier central de l’expérience maçonnique.

Les actions concrètes de Mathusalem Var

Mathusalem Var déploie une gamme d’actions adaptées aux besoins spécifiques de ses bénéficiaires :

  • Visites et accompagnement personnel : Des bénévoles rendent visite aux anciens francs-maçons, souvent isolés par la maladie ou la perte de proches. Ces rencontres permettent d’échanger sur leurs expériences passées en loge, renforçant leur estime de soi.
  • Événements sociaux : Des repas fraternels, des conférences sur l’histoire maçonnique et des ateliers culturels sont organisés régulièrement. Ces moments favorisent les retrouvailles et créent un espace de dialogue intergénérationnel.
  • Soutien logistique : L’association aide à résoudre des problèmes pratiques, comme l’accès aux soins ou les démarches administratives, soulageant ainsi les aînés confrontés à la dépendance.

Un exemple marquant rapporté par Var-Matin concerne un ancien Vénérable de 85 ans, désormais confiné chez lui, qui a retrouvé le sourire grâce aux visites hebdomadaires d’un jeune frère. Ces anecdotes illustrent l’impact humain de l’initiative, bien au-delà des simples aspects logistiques.

Impact et réception dans la communauté maçonnique

L’accueil réservé à Mathusalem Var est largement positif au sein des obédiences varoises. Le GODF, qui met en avant son engagement sociétal, a salué cette démarche comme un prolongement naturel de ses valeurs humanistes. Des loges locales ont même intégré des contributions financières ou des bénévoles pour soutenir l’association, témoignant d’une volonté de concrétiser la fraternité au-delà des rituels. Cependant, certains membres traditionalistes estiment que cette initiative risque de « profaner » la discrétion maçonnique en rendant visible un aspect privé de leur engagement.

Pour les bénéficiaires, l’impact est tangible. Beaucoup témoignent d’une redécouverte de leur identité maçonnique, renforçant leur lien avec une communauté qu’ils pensaient avoir perdue. Les familles des aînés saluent également cette attention, qui allège leur propre charge émotionnelle.

Enjeux et perspectives pour la franc-maçonnerie

Famille heureuse dans la cuisine à table
Famille heureuse dans la cuisine à table

Mathusalem Var soulève des questions plus larges pour la franc-maçonnerie contemporaine. Dans un contexte où les effectifs vieillissent – le GODF compte une proportion croissante de membres de plus de 60 ans – l’accompagnement des aînés devient une priorité stratégique. Cette initiative pourrait inspirer d’autres régions ou obédiences à développer des programmes similaires, renforçant ainsi l’image publique de la franc-maçonnerie comme une force sociale active.

Cependant, des défis subsistent. Le financement de telles associations repose souvent sur des dons et des subventions locales, ce qui limite leur portée. De plus, la formation des bénévoles pour gérer des cas complexes (démence, conflits familiaux) nécessite des ressources supplémentaires. Enfin, l’équilibre entre ouverture et discrétion reste délicat : trop de visibilité pourrait attirer des critiques ou des accusations infondées, comme celles récemment portées par Aminata Bakaga (voir article précédent).

Un modèle à suivre ?

Mathusalem Var incarne une réponse humaine et pragmatique à un problème universel : la solitude des aînés. En s’appuyant sur les valeurs maçonniques de fraternité et de solidarité, cette association redonne un sens concret à l’engagement des francs-maçons, tout en ouvrant la voie à une réflexion sur l’avenir de leurs obédiences. À l’heure où la société cherche des modèles d’entraide, cette initiative varoise pourrait servir d’exemple, à condition que les ressources et la prudence accompagnent son développement. Pour les anciens francs-maçons du Var, briser l’isolement grâce à Mathusalem Var, c’est aussi raviver la flamme d’une fraternité qui transcende les années.

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Erwan Le Bihan
Erwan Le Bihan
Né à Quimper, Erwan Le Bihan, louveteau, a reçu la lumière à l’âge de 18 ans. Il maçonne au Rite Français selon le Régulateur du Maçon « 1801 ». Féru d’histoire, il s’intéresse notamment à l’étude des symboles et des rituels maçonniques.

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