ven 15 août 2025 - 01:08

Un voyage maçonnique dans le sens profond de la construction et de la démolition

De notre confrère italien expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

Le proverbe napolitain « Chi fraveca e sfraveca nun perde tiempo » (Ceux qui font des erreurs n’ont pas de temps à perdre) détient une sagesse ancienne qui trouve un puissant écho dans les traditions maçonniques et ésotériques. Dans son apparente simplicité, ce dicton résume le sens du travail incessant, de l’engagement constant et de la valeur de l’expérience, même lorsqu’elle semble contrecarrée par un échec apparent ou par la nécessité de tout recommencer.

Un vrai Maçon sait que chaque acte, chaque tentative, chaque construction et même chaque destruction sont des étapes indispensables vers la croissance intérieure et la recherche de la Lumière. Rien n’est vraiment vain. Rien n’est du temps perdu.

La voie maçonnique repose sur le travail continu de sa propre pierre brute, qui représente l’être humain imparfait, avec ses passions, ses limites et ses vices. L’objectif de l’initié est de la transformer en une pierre cubique, symbole de perfection, d’équilibre et d’harmonie.

Mais quiconque travaille la pierre sait bien que, parfois, un faux pas oblige à tout recommencer. Ce processus de fravecatura et de non-fravecatura n’est pas un échec, mais plutôt un précieux apprentissage.

Comme l’enseigne la maçonnerie, c’est en sculptant, en commettant des erreurs et en corrigeant que la main s’affine et que l’esprit se purifie. Chaque fragment qui se détache de la pierre est une petite imperfection éliminée.

L’histoire d’Hiram Abif, l’architecte légendaire du Temple de Salomon, éclaire profondément ce thème. Hiram, maître sage et symbole de l’art de la maçonnerie, travailla avec dévouement à un projet grandiose, tout en sachant que sa vie serait menacée par ceux qui cherchaient à lui voler le secret de sa maîtrise. Lorsque ses trois compagnons l’attaquèrent, il garda le secret, restant fidèle à son serment jusqu’à sa mort.

Dans ce sacrifice, la légende nous enseigne que même ce qui semble être une destruction, la mort du Maître, est, en réalité, un passage vers un niveau supérieur de conscience. Fravecare – construire – et sfravecare – détruire – sont donc les deux faces d’une même médaille : celle de la perfection de l’Homme. Comme le montre l’art de la maçonnerie

Travail et silencetravail et silence.

colonnes

La patience dans la reconstruction après chaque erreur et la capacité de rester silencieux, d’observer et de méditer sur ses actions sont des qualités essentielles. Le Franc-maçon sait que chaque action est une brique posée dans le Temple intérieur. Même si un projet est interrompu, si une illusion s’effondre, ce n’est pas du temps perdu : l’expérience acquise devient le fondement de l’avenir. La Loge elle-même, avec sa forme rectangulaire orientée est-ouest, représente un chantier spirituel perpétuel. Chaque frère est à la fois architecte et ouvrier du Temple de l’Humanité.

Les piliers de Boaz et de Jakin, les trois Grandes Lumières et des outils tels que l’équerre et le compas : tous nous rappellent que le travail maçonnique est un processus dynamique. Il n’y a pas de point final définitif. Chaque séance rituelle est un acte de construction ; chaque méditation, un coup de ciseau. Chaque réflexion sur ses propres limites est une démolition d’obstacles intérieurs. Et, comme le dit une devise latine chère à la tradition :

De l’aspera à l’astra

C’est à travers les difficultés que nous atteignons les étoiles.

Le temps en tant qu’enseignant

Un maçon ne perd jamais de temps, car il sait qu’il est le premier Grand Architecte, le bâtisseur universel. Le rythme de la vie, tel le métronome d’un chantier sacré, nous guide pour respecter les étapes nécessaires de notre évolution.

Comme Hiram l’a dit à ses ouvriers :

Le Temple se construit un jour à la fois ; aucune brique ne peut être posée avant son heure.

Cette vérité nous enseigne que chaque attente, chaque pause, chaque révision du projet est une partie essentielle de l’Œuvre.

Construire et démolir comme actes initiatiques

Dans l’ésotérisme maçonnique, construire signifie donner forme à l’énergie spirituelle, tandis que démolir signifie se débarrasser de ce qui entrave la croissance. Cette alternance de bris et de débris est au cœur même de l’Initiation. Il n’y a pas de progrès sans destruction du superflu.

C’est pourquoi le Franc-Maçon ne craint pas les erreurs et ne se laisse pas décourager par les événements inattendus :

Tempus omnia revelat

Le temps révèle tout.

Même ce qui apparaît aujourd’hui comme un échec sera compris demain comme une étape précieuse sur le chemin. « Qui se brise la langue et se brise la langue ne perd jamais son temps » n’est pas un simple proverbe populaire : c’est une synthèse parfaite de l’art maçonnique et de la voie initiatique. Chaque construction et chaque destruction, dans le monde et en nous-mêmes, sont des pas vers la Lumière.

Le Maçon, comme Hiram, est appelé à s’engager sans relâche, à se sculpter, à ne pas avoir peur de recommencer.

Car, comme le dit la tradition :

Dans le travail virtus

La vertu réside dans le travail acharné.

Et seuls ceux qui travaillent sur leur propre pierre intérieure peuvent aspirer à ériger un temple digne de la Gloire du Grand Architecte de l’Univers.

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Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

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