jeu 07 août 2025 - 20:08

Les 3 filtres de Socrate appliqués à la Franc-maçonnerie

Une légende intemporelle au service de la sagesse

L’histoire des trois filtres de Socrate, ce grand philosophe grec, reste une leçon de vie universelle qui résonne encore aujourd’hui. Selon la légende, un disciple, essoufflé et agité, vint un jour trouver Socrate avec une rumeur sulfureuse sur l’un de ses amis. Avant même d’écouter, le sage l’arrêta net. Avec calme, il proposa un test en trois étapes, des filtres destinés à purifier la parole. Cette anecdote, simple mais puissante, s’applique parfaitement aux moments où les ragots et les faux-semblants menacent de troubler l’harmonie, y compris au sein de la Franc-maçonnerie.

Imaginez la scène : le disciple, les joues rouges d’excitation, débite son récit. Socrate, imperturbable, lui demande de faire une pause. « Avant de parler, passons ton message par trois cribles », annonce-t-il. Si celui-ci ne les franchit pas, il n’a pas sa place. Ce rituel de réflexion transforme une simple conversation en un acte de discernement.

Les trois cribles mis à l’épreuve

Premier filtre : la vérité. Socrate interroge son disciple : « Es-tu certain que ce que tu vas me dire est vrai ? » Le jeune homme hésite. Après tout, il n’a entendu qu’une version, un écho incertain. « Tu ne sais donc pas si c’est exact », conclut le philosophe, posant déjà une limite.

Deuxième filtre : la bonté. « Est-ce quelque chose de bien ? » demande Socrate. Le disciple avoue que non : les mots qu’il porte sont venimeux, porteurs de tristesse. « Tu veux me transmettre du mal, et tu n’es même pas sûr de sa véracité », note Socrate avec sagesse.

Troisième filtre : l’utilité. « Me servira-t-il ? » Le disciple s’interrompt, perdu. Cette rumeur risquerait plutôt de l’éloigner de son ami sans lui apporter de lumière. Socrate tranche : « Si ce n’est ni vrai, ni bon, ni utile, pourquoi le dirais-tu ? » Et il refusa d’écouter davantage.

Ces trois questions – la vérité, la bonté, l’utilité – deviennent un guide intemporel. Elles invitent chacun à peser ses mots avant de les libérer, un principe qui trouve un écho particulier dans les loges maçonniques.

La Franc-maçonnerie face aux trois filtres : un défi initiatique

Appliquer ces filtres à la franc-maçonnerie révèle des enjeux profonds. Combien de maçons et de maçonnes vivent réellement cette discipline de la parole juste ? Trop souvent, la « parole bonne » est confondue avec la « parole juste », un malentendu qui trahit l’esprit de l’art maçonnique. La Franc-maçonnerie n’est pas une quête du bien contre le mal, un héritage mal digéré des christianismes qui ont parfois influencé ses membres. Elle ne vise ni à prêcher la vertu ni à chasser le péché, mais à observer les lois universelles à travers les symboles.

Prenons le péché, souvent vu comme une tache sur l’âme, une faute irrémédiable. Ce concept, dérivé du latin peccatus « fauter », puise ses racines grecques dans l’idée de « viser à côté de la cible ».

Cible avec une fléchette au centre du 10
Cible avec une fléchette au centre du 10

En loge, ce « manquement » s’incarne dans le fil à plomb du Second Surveillant, symbole de l’alignement avec le centre, de l’harmonie cosmique. Placez une cible sous ce fil : elle vous rappelle de viser juste, de rester centré par un cœur pur. Cette métaphore dépasse la morale religieuse, variable selon les pouvoirs en place, pour s’ancrer dans une loi universelle comme la gravité, immuable et partagée par tous.

Entre faute et culpabilité : une confusion initiatique

Cette distinction entre faute et culpabilité est cruciale. La religion s’appuie sur une morale mouvante, dictée par les dominants, tandis que la franc-maçonnerie s’élève vers une compréhension active des lois de l’univers à travers ses symboles – le fil à plomb, l’équerre, le compas. Pourtant, beaucoup de maçons tombent dans le piège d’une pratique ersatz de religion, confondant initiation et sermon. Le résultat ? Une dilution de l’essence spéculative, où la fraternité cède la place à des discours moralisateurs.

L’orpailleur, cherchant à séparer les vrais maçons des profanes, se heurte à une déception : peu restent sur le tamis. Certains viennent en loge pour un ersatz spirituel, d’autres laissent leur parole « viser à côté », et trop nombreux sont ceux qui peinent à incarner l’initiation. Prenons une analogie : lors de la procréation environ 300 millions de spermatozoïdes sont libérés, mais seuls 200 atteignent l’ovule, et un seul suffit à féconder. De même, parmi les initiés qui entrent au cabinet de réflexion, rares sont ceux qui, après une vie de pratique quotidienne, s’initient vraiment. Pourtant, regardons le verre à moitié plein : ce faible pourcentage reste une lueur d’espoir !

Une invitation à retrouver le chemin de l’initiation

Cette réflexion socratique nous pousse à interroger la Franc-maçonnerie d’aujourd’hui. Les trois filtres ne sont pas qu’un exercice intellectuel : ils sont un appel à revenir à l’expérience vécue, à la fraternité active, loin des dérives théoriques. La vraie richesse de la loge réside dans cette quête intérieure, où les symboles ne s’étudient pas seulement, mais se vivent.

Alors, maçons, prenez le temps de filtrer vos paroles et vos actes : la vérité, la bonté et l’utilité vous guideront vers une initiation authentique.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Alice Dubois
Alice Dubois
Alice Dubois pratique depuis plus de 20 ans l’art royal en mixité. Elle est très engagée dans des œuvres philanthropiques et éducatives, promouvant les valeurs de fraternité, de charité et de recherche de la vérité. Elle participe activement aux activités de sa loge et contribue au dialogue et à l’échange d’idées sur des sujets philosophiques, éthiques et spirituels. En tant que membre d’une fraternité qui transcende les frontières culturelles et nationales, elle œuvre pour le progrès de l’humanité tout en poursuivant son propre développement personnel et spirituel.

Articles en relation avec ce sujet

Titre du document

DERNIERS ARTICLES