mer 06 août 2025 - 02:08

Pourquoi etre initié Franc-maçon en 2025 ?

Faire le choix d’être initié en Franc-Maçonnerie en 2025, c’est choisir, en pleine liberté de conscience, en pleine responsabilité, de travailler sur soi-même, à son propre perfectionnement, et en même temps et par là-même contribuer au perfectionnement de l’humanité.

En effet, en même temps que l’initié, étape après étape, degré après degré, va se construire et bâtir son temple intérieur, il va contribuer avec d’autres à construire le monde autour de lui. Nous disons qu’il va concourir à l’édification du temple de l’humanité. C’est ainsi qu’il va participer à l’amélioration de la société en s’engageant à titre individuel, en faisant preuve d’exemplarité et en pratiquant de son mieux dans sa vie quotidienne, professionnelle, familiale, civique, sociale, bref en pratiquant hors du Temple les valeurs et les vertus qu’il cultive et travaille à l’intérieur.

Rituel d’initiation d’un candidat

C’est ainsi que le Maçon agira, inlassablement, sans avoir besoin de bannière ni de mot d’ordre, sans espérer de récompense ni dans le présent ni dans une hypothétique vie future. Il travaillera à créer davantage de justice et d’équité, davantage de vérité, davantage de respect de l’autre, de tolérance et d’Amour. Il fera vivre ces valeurs qui ne sont hélas pour beaucoup que des paroles vides de sens gravées au fronton de nos édifices publics et auxquelles nous nous vouons solennellement dans nos Loges : Liberté – Egalité – Fraternité. 

Oui il faut le dire et le faire savoir : alors même qu’elle est sans contrepartie matérielle attractive dans la vie, la méthode initiatique attire toujours, et de plus en plus.

On peut s’interroger sur les raisons de cette permanence, sur les motivations qui sous-tendent cet engouement. Il faut y voir une raison essentielle : nous pouvons faire assurément le constat que le monde contemporain est en quête de valeurs, en quête de repères, en quête de sens. Il est aussi, ce qui n’est peut-être qu’une manière de dire la même chose, en quête de spiritualité. Mais il est aussi en quête de liberté, prônant l’épanouissement des potentialités individuelles, l’abolition des carcans idéologiques, la responsabilité au travers du libre-arbitre.

Les diverses religions, prises dans leurs particularismes et non pas dans ce que leur message peut avoir d’universel, et sans même parler des dérives sectaires ou fondamentalistes, sont des philosophies de la réponse. Il en est de même des  idéologies politiques, souvent contraintes par démagogie d’osciller ou de choisir entre radicalisation et compromis, pour ne pas dire compromission,

Religions et idéologies se nourrissent de dogmes, de certitudes, de visions préétablies et de vérités descendantes. A l’inverse, la Franc-maçonnerie et sa démarche initiatique constitue une philosophie de la question. Elle ne procède que d’elle-même, réfute les affirmations dogmatiques, invite chacun de ses membres à faire preuve d’une absolue liberté de conscience.

Les laissant libres de leur foi et de leur pratique religieuse, elle n’impose rien et n’exclut personne du fait de ses croyances ou convictions métaphysiques.

Concrètement, les obédiences maçonniques traditionnelles  ne requiert de leurs membres qu’une seule croyance : celle dans la conception selon laquelle l’Univers procède d’un Principe Créateur ordonnateur du chaos primordial.

Libre à chacun de rapprocher ou non cette vision de la foi en un Dieu, révélé ou non. Libre à chacun de pratiquer ou de ne pas pratiquer la religion de son choix.

Tel est le sens, respectueux de la liberté de chacun, qu’il faut donner au mot « laïcité ».

La croyance des Francs-maçons et des Francs-maçonnes en ce principe qu’ils nomment Grand Architecte de l’Univers leur offre le champ infini d’une spiritualité ouverte, qui ne leur interdit ni ne leur impose aucune appartenance, aucune croyance ou aucune pratique.

Pour parvenir à l’objectif de construction individuelle que s’assignent Maçonnes et Maçons, il leur faut conquérir leur liberté, c’est-à-dire s’affranchir des conditionnements antérieurs. C’est bien sûr la condition requise à tout mouvement, à toute progression véritable. 

C’est dans ce cadre ouvert, non dogmatique, sans donner prise par conséquent aux conflits qu’engendrent immanquablement les débats politico-religieux, que s’épanouissent librement la conscience et la spiritualité des Francs-maçons.

Livre tenu dans des mains
livre, lumiere, symbole,

Personne ne juge personne. Personne ne censure personne. Chacun cherche la vérité, sa vérité. Chacun chemine en lui-même, pour lui-même, en présence et avec l’aide des autres Frères de la Loge. Grâce à eux, qu’il fait également progresser en sollicitant leur écoute et en les écoutant à son tour, il est l’esprit et le cœur ouverts.

Ici réside la véritable fraternité, qui est un corollaire, une composante intrinsèque de la démarche initiatique.

Initié, chacun est admis parmi ses Frères qui disposent des mêmes références, des mêmes outils symboliques que lui. IL peux donc partager, échanger avec eux ses convictions, ses doutes, ses certitudes, sans craindre l’incompréhension.

Chacun s’exprime librement à son tour, autant qu’il a envie ou besoin. Chacun ajoute sa pierre à l’édifice avant que la réflexion se poursuive en lui-même, nourrie de ces échanges qui sont autant d’enrichissements potentiels.

Il ne s’agit pas d’arriver à un consensus, plus ou moins sincèrement partagé. Il ne s’agit pas davantage de recevoir une vérité qui aurait été conçue par quelque puissance supérieure. Au contraire, il s’agit, en faisant usage d’une méthode partagée, de donner à chacun l’occasion de progresser vers sa vérité, dans ce qu’elle a d’intime, comme dans sa vision de la vérité universelle.

On voit donc que l’initiation maçonnique n’est pas la transmission d’un savoir secret, de fragments d’une vérité révélée qui se reconstituerait à la manière d’un puzzle, degré après degré. Elle est encore moins la clé d’un quelconque pouvoir, si ce n’est, bien sûr, une meilleure emprise sur soi-même, fruit du travail sur soi, en précisant s’il en était besoin que la démarche maçonnique n’est pas une psychanalyse, tant s’en faut !

Revenons un instant sur la notion de secret. Le secret des rituels n’existe plus depuis bien longtemps. Tout ce qu’ils renferment se trouve dans des ouvrages en vente libre dans n’importe quelle librairie ou même accessible gratuitement sur Internet.

S’il persiste un secret, s’il demeure une part d’incommunicable, c’est bien le vécu de l’Initié. Ne parlons pas  ici du récit de l’initiation, que l’on peut trouver partout et qui, en tant que tel, n’a guère d’intérêt que du point de vue de l’ethno-sociologue. il s’agit plutôt ; en évoquant le secret du vécu de l’Initié, de faire référence aux sensations qu’il a éprouvées, à l’écho que cette expérience a trouvé en lui, à la résonance que l’initiation a entraîné sur sa conscience, ses pensées. Rien n’est plus intime et personnel qu’un vécu de cette sorte. Et rien, par nature, n’est aussi peu communicable, partageable.

Le Franc-Maçon va donc échanger et partager, dans sa Loge comme au dehors, à partir d’expériences non échangeables et non partageables. Pourtant, il va s’échanger et partager le fruit de son travail, de sa réflexion, de son niveau de compréhension; échanger et partager la Connaissance telle qu’il appréhende peu à peu.

Il va offrir, par l’exemplarité de ses actes, la part de sagesse qu’il aura acquise, et qu’il ne saurait garder pour lui seul. Ainsi, on comprend que la méthode initiatique pratiquée en Franc-maçonnerie n’est d’aucun lieu, ni d’aucun temps.

Elle emprunte naturellement le référentiel dont elle a besoin aux grands récits mythiques de l’humanité – et notamment aux récits bibliques. D’autres emprunts évoquent des faits saillants de l’histoire. Mais au-delà de ces supports, elle est fondamentalement universelle en même temps qu’elle est intemporelle.

Prenons un exemple simple : de nombreux degrés du Rite écossais Ancien et Accepté s’appuient sur différents épisodes de la construction du Temple de Jérusalem à l’initiative du Roi Salomon.

Le Temple est pris ici en tant qu’archétype d’une construction sacrée, et Salomon comme celui d’un souverain inspiré, déterminé et clairvoyant. Il ne s’agit là que d’un référentiel communément admis, de figurations parlantes qui n’ont guère besoin d’être actualisées.

L’initiation fait partie intégrante d’une méthode de transmission non pas tant de la Connaissance elle-même que d’un moyen de s’en approcher graduellement. Le chemin est ardu. Il requiert détermination et persévérance. Mais l’effort est amplement gratifiant.

En tant que méthode, l’initiation fait indiscutablement preuve d’une permanence qui lui a permis, lui permet et lui permettra de traverser le temps et l’espace.

Certes, le concept même d’initiation s’inscrit dans la tradition, remontant aux civilisations les plus anciennes. Mais on comprend bien qu’un tel projet, qu’un tel engagement, dont l’objet est le véritable humanisme compris comme une spiritualité universelle, n’a rien de contingent.

C’est là que réside la vocation universaliste à laquelle se voue l’initié.

Dans l’application qu’en fait la Franc-maçonnerie, loin d’établir des divisions entre les hommes, la voie initiatique s’attache à les rassembler. L’engagement maçonnique  diffère fondamentalement de la plupart des idéologies profanes en ce qu’il n’est ni d’une époque, d’une culture ni d’une contrée, pas plus que d’une croyance ou d’un système de gouvernement.

Surtout, la progression initiatique du Franc-maçon ne restreint nullement sa liberté.

Au contraire, et à l’inverse de ce qui caractérise les démarches sectaires, l’initiation maçonnique est émancipation, conquête progressive de la liberté intérieure. Le Franc-maçon n’est pas asservi à une idéologie mais fondamentalement libre, pour créer davantage de liberté donc de responsabilité.

Au terme de ce propos, retenons que la voie initiatique est un mode de progression et de transmission inscrit dans la tradition de nombreuses sociétés humaines. Pour nous qui sommes imprégnés de culture méditerranéenne et judéo-chrétienne, cette voie est présente dans notre société depuis les mystères d’Isis puis ceux de Déméter jusqu’à nos jours. La Franc-maçonnerie en est sans conteste la manifestation la plus importante aujourd’hui, dans le monde occidental au sens large.

Dans un monde en quête de sens et de valeurs morales autour desquelles construire un vivre-ensemble harmonieux , elle met en œuvre cette phrase de Platon voici 24 siècles, et qui est d’une absolue modernité : « Le désir nait du manque et permet de se mettre en chemin vers la connaissance ».

Loin d’être une démarche passéiste ou nostalgique, la voie maçonnique fait preuve de sa permanence  par un dynamisme notable.

Le parcours initiatique, s’appuyant de la Tradition pour en tirer les enseignements, s’offre comme une voie de progression pour les hommes et les femmes d’aujourd’hui, désireux d’exercer et de développer leur liberté de conscience religieuse et citoyenne tout en respectant celle des autres, Il s’agit de travailler à des valeurs éthiques autour desquelles peuvent se rassembler des hommes de toutes origines et de toutes conditions, travaillant ensemble dans l’estime, le respect et la tolérance mutuels, et finalement désireux de se construire eux-mêmes pour construire le sens de leur vie.

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Jean-Jacques Zambrowski
Jean-Jacques Zambrowski
Jean-Jacques Zambrowski, initié en 1984, a occupé divers plateaux, au GODF puis à la GLDF, dont il a été député puis Grand Chancelier, et Grand- Maître honoris causa. Membre de la Juridiction du Suprême Conseil de France, admis au 33ème degré en 2014, il a présidé divers ateliers, jusqu’au 31°, avant d’adhérer à la GLCS. Il est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur le symbolisme, l’histoire, la spiritualité et la philosophie maçonniques. Médecin, spécialiste hospitalier en médecine interne, enseignant à l’Université Paris-Saclay après avoir complété ses formations en sciences politiques, en économie et en informatique, il est conseiller d’instances publiques et privées du secteur de la santé, tant françaises qu’européennes et internationales.

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