lun 04 août 2025 - 22:08

Le gouvernement cubain interroge José Ramón Viñas Alonso, leader maçon critique du régime

De notre confrère cubain fr.cibercuba.com

Dans les méandres oppressants de la politique cubaine, un nouvel épisode de répression vient troubler les esprits, mettant en lumière les tensions entre le régime et l’une des rares institutions indépendantes du pays : la franc-maçonnerie. Le 2 août 2025, José Ramón Viñas Alonso, leader respecté de cette communauté, a été interrogé par la Sécurité de l’État, accusé d’un prétendu délit économique lié à des transactions financières internes.

Derrière cette affaire se dessine une stratégie plus large visant à étouffer les voix critiques, et cette histoire, empreinte de courage et de résilience, mérite qu’on s’y attarde avec cœur et vigilance.

Un leader maçonnique sous pression

José Ramón Viñas Alonso
José Ramón Viñas Alonso, grand secrétaire général du Conseil suprême de Cuba

José Ramón Viñas Alonso, figure emblématique de la franc-maçonnerie cubaine, s’est retrouvé au centre d’une tempête orchestrée par les autorités. Convoqué par la Sécurité de l’État, il a été soumis à un interrogatoire musclé, sous prétexte d’un supposé trafic de devises. L’accusation repose sur une décision unanime prise par le Patronato maçonnique : deux transferts de 100 dollars entre frères, effectués cette année, afin de couvrir des dépenses urgentes en pesos cubains pour l’entretien d’un asile. Le hic ? Ces échanges ont été réalisés à une taux non officiel de 370 pesos par dollar, loin du taux étatique fixé à 120 pesos, ce que le régime qualifie de délit passible de deux à cinq ans de prison.

Avec une dignité remarquable, Viñas a dénoncé cette accusation comme un prétexte fallacieux.

« Nous n’avons aucune inquiétude, car en tant que citoyens, nous n’avons même pas une amende de stationnement »

a-t-il affirmé avec une pointe d’ironie, soulignant l’absurdité de la situation. Il a également révélé que des mesures restrictives lui ont été imposées : une limitation de mouvement entre son domicile et son travail, ainsi qu’une régulation migratoire entravant toute possibilité de quitter l’île. Ces sanctions, bien que sévères, ne semblent pas ébranler sa détermination.

Un prétexte économique masquant une répression politique

Grande Loge de cuba

Derrière cette affaire financière se profile une intention plus sombre. Viñas, conscient des enjeux, a laissé entendre que les véritables motivations du régime dépassent largement la question monétaire. « Nous savons ce qui se trame avec tout cela », a-t-il écrit, s’adressant à ses frères avec une foi inébranlable dans leur innocence. Cette persécution s’inscrit dans une campagne plus large contre la franc-maçonnerie cubaine, perçue comme l’une des dernières structures autonomes capables de défier l’hégémonie du pouvoir en place.

La franc-maçonnerie, avec ses idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, a souvent été un refuge pour les esprits critiques à Cuba. Le régime, sensible à toute forme d’opposition, semble utiliser ces accusations économiques comme un levier pour discréditer et contrôler ses leaders. Le choix de Viñas, connu pour son engagement et son intégrité, en fait une cible symbolique, un signal envoyé à tous ceux qui osent penser différemment.

Une résistance silencieuse mais ferme

Malgré les pressions, José Ramón Viñas Alonso incarne une résistance silencieuse mais ferme. Ses mots, empreints de sérénité et de défi, résonnent comme un appel à la solidarité maçonnique. « Ce sera ce que cela doit être, mais je laisse une trace de notre innocence devant mes frères », a-t-il déclaré, transformant cette épreuve en un acte de témoignage. Cette attitude reflète l’esprit initiatique qui anime la franc-maçonnerie : face à l’adversité, l’élévation de l’âme prime sur la soumission.

Les mesures imposées – restriction de mouvement et contrôle migratoire – visent à isoler Viñas, mais elles pourraient paradoxalement renforcer la cohésion de sa communauté. Les frères et sœurs cubains, habitués à naviguer dans un climat de surveillance, pourraient transformer cette injustice en un moteur de mobilisation, rappelant que la lumière de la connaissance et de la fraternité ne s’éteint pas sous la pression.

Un regard vers l’avenir

Cette affaire soulève des questions troublantes sur l’avenir de la franc-maçonnerie à Cuba. Si le régime poursuit sa stratégie de répression sous des prétextes économiques, d’autres leaders pourraient être ciblés, fragilisant une institution déjà sous pression. Pourtant, l’histoire nous enseigne que les idées, comme celles portées par Viñas, résistent aux tempêtes. La solidarité internationale des obédiences maçonniques pourrait jouer un rôle clé, offrant un soutien moral et, peut-être, diplomatique.

Alors que l’aube se lève sur une île marquée par les silences imposés, l’interrogatoire de José Ramón Viñas Alonso devient un symbole. Symbole d’une lutte pour la liberté d’expression, d’une fraternité menacée mais vivante, et d’un espoir que, même dans l’obscurité, la lumière initiatique continue de briller.

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Pierre d’Allergida
Pierre d’Allergida
Pierre d'Allergida, dont l'adhésion à la Franc-Maçonnerie remonte au début des années 1970, a occupé toutes les fonctions au sein de sa Respectable Loge Initialement attiré par les idéaux de fraternité, de liberté et d'égalité, il est aussi reconnu pour avoir modernisé les pratiques rituelles et encouragé le dialogue interconfessionnel. Il pratique le Rite Écossais Ancien et Accepté et en a gravi tous les degrés.

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