De notre confrère Var Matin – Par QV
Il a été élu il y a un peu plus d’un mois Grand maître de la Grande loge de France, la deuxième obédience maçonnique française comptant environ 32 000 membres. Pour sa première apparition officielle, Jean-Raphaël Notton s’est rendu dans le golfe de Saint-Tropez, où une grande fête annuelle réunit chaque année Francs-maçons et non-initiés autour d’une conférence – cette année, sur l’intelligence artificielle – et d’un repas.

Traditionnellement, le Grand Maître, choisi pour accomplir un triple mandat d’un an (soit, sauf incident, trois ans à raison d’un mandat d’un an renouvelé deux fois), provient d’une région différente à chaque élection. Originaire de Paris, où il est devenu franc-maçon en 1986, Jean-Raphaël Notton, médecin égalment engagé à haut niveau dans la défense nationale, succède à Thierry Zaveroni, marseillais. Âgé de 69 ans, ce Parisien possède toutefois des racines méditerranéennes.
synthèse de l’interview
C’est votre première sortie officielle, ici dans le Var, près de Saint-Tropez ?

Oui, c’est à la fois un honneur et une joie. Un honneur de porter la responsabilité de Grand maître, une joie car je me sens méditerranéen dans l’âme, élevé par mes grands-parents corses à Monticello, en Balagne, portant le prénom de mon grand-père. Ici, je suis chez moi, et voir 200 personnes assister à la conférence malgré la chaleur estivale est impressionnant !
Que représente la Franc-maçonnerie aujourd’hui dans notre société ?
Nous perpétuons une tradition ésotérique transmise par l’initiation. Notre mission est de préserver cet héritage tout en ouvrant nos portes. Franc-maçon depuis 40 ans, je suis heureux et souhaite partager ce que cette expérience m’a donné. La Grande loge de France, obédience traditionnelle et la plus ancienne en France, doit rester accueillante. D’où le thème de ma première conférence : « Osez pousser les portes de nos loges ! ».
Pour les Journées du patrimoine, plus de trente sites seront ouverts au public à travers la France.
Il y a toujours un mystère autour des Francs-maçons. Que faites-vous exactement ?
Nous cherchons humblement à améliorer le monde, parfois chaotique ! Contrairement à d’autres, nous ne manifestons pas, mais chacun apporte des valeurs comme l’humanisme, le respect et la tolérance. Notre démarche, spirituelle et traditionnelle, privilégie l’esprit sur le matériel.
Les Francs-maçons peuvent-ils agir efficacement dans la société moderne ?
Je citerai Winston Churchill, qui, face à un lac pendant la guerre, trempa une cuillère dedans et dit : « Vider ce lac prendra du temps, mais on y arrivera ! » Comme lui, nous avançons avec patience et espérance, convaincus que tout est possible.
Parlez-nous de la Grande loge de France dans cette région.
La région méditerranéenne, s’étendant de l’Espagne à l’Italie via la Corse, est la deuxième en effectifs dans notre fédération mondiale. Avec des sites clés comme Montpellier, le château Saint-Antoine à Marseille et Saint-Raphaël, elle regroupe 200 loges et plusieurs milliers de membres, une région très active.
La franc-maçonnerie parle-t-elle encore aux jeunes ?
Oui, les jeunes sont notre avenir. Si l’âge moyen atteignait 62 ans, il baisse aujourd’hui grâce à leur intérêt. Ils cherchent un sens à leur vie, pas une répétition de leur quotidien. Nous adaptons nos horaires, ajoutant des réunions entre midi et 14 heures pour les actifs ou parents.
Quel est votre message principal aujourd’hui ?
Je crois profondément que notre tradition porte l’espérance. Par une démarche individuelle, chaque frère contribue avec ses valeurs, créant un impact collectif, comme Pierre Simon avec Simone Veil ou Isaac Crémieux avec son décret. Chacun a sa place pour faire de son mieux !
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Ce GM n’a pas été interrogé sur la perpétuation du sexisme imposé aux loges de la GLDF ?
Drôle d’ »humanisme « !
« perpétuation du sexisme imposé » ? Curieuse et fallacieuse incrimination pour une obédience contemporaine qui a de réels liens d’amitié avec la GLFF et qui en reconnaît ses membres comme sœurs, comme celles d’autres obédiences (mixtes en particulier) !
La prégnance d’une pensée unique serait-elle l’arbitre de l’intime « collectif » des membres, qui ont tout de même le droit de décider et affirmer leur liberté à se retrouver dans les conditions qu’ils souhaitent.
Pour beaucoup de frères et de sœurs, introduire la mixité dans leur loge mono genre, ce n’est pas continuer la Loge en l’élargissant mais c’est inventer un autre type de sociabilité maçonnique vers lequel ils (ou elles) ne sont pas enclins.
Ainsi s’exprime Charles Arambourou, dans son excellent article « Mixité ? – Non : liberté des Loges ! » : « je réclame sur le plan du droit la possibilité pour toute Obédience de tenir le fait de l’identité sexuelle comme suffisamment déterminante pour choisir la non-mixité. Je le réclame avec d’autant plus de force que ce que je nomme une particularité déterminante n’établit en rien une discrimination puisque, encore une fois, des obédiences proposent aussi un type de sociabilité mixte ».