jeu 31 juillet 2025 - 10:07

La Franc-maçonnerie argentine propose de supprimer la mention de l’église catholique dans la nouvelle constitution de Santa Fe

De notre confrère argentin diariolasamericas.com

À Santa Fe, en Argentine, un débat constitutionnel d’envergure est en cours, et la franc-maçonnerie s’est positionnée au cœur de la controverse. Selon les discussions récentes, cette organisation propose d’éliminer la référence explicite à l’Église catholique dans la nouvelle Constitution provinciale, un changement qui pourrait redéfinir les relations entre l’État et les institutions religieuses dans la région. Cette initiative s’inscrit dans un contexte plus large de réforme constitutionnelle, où les questions de laïcité, de liberté religieuse et d’identité culturelle occupent une place centrale.

Un projet de réforme controversé

La Constitution actuelle de Santa Fe, datant de 1962, stipule dans son article 3 que la religion de la province est « catholique, apostolique et romaine », tout en garantissant la liberté religieuse pour ses habitants. Cette clause reflète un héritage historique où l’Église catholique a joué un rôle dominant dans la société argentine. Cependant, la franc-maçonnerie, connue pour son engagement en faveur de la laïcité et de la séparation entre l’État et les religions, milite pour une révision de ce texte. L’objectif serait de promouvoir un État neutre, reconnaissant la pluralité des croyances sans accorder de statut privilégié à une confession particulière.

Cette proposition intervient alors que d’autres acteurs, y compris l’Église catholique elle-même, se prononcent sur la réforme. Paradoxalement, certains représentants ecclésiastiques, comme l’archevêque Sergio Fenoy, ont récemment suggéré une approche intermédiaire, plaidant pour une « laïcité positive » qui reconnaît l’héritage historique de l’Église tout en évitant les privilèges confessionnels. Cette position contraste avec l’idée maçonnique d’une suppression totale de la mention catholique, ce qui alimente un débat animé sur l’équilibre entre tradition et modernité.

Des tensions entre héritage et modernité

Le projet maçonnique soulève des questions fondamentales sur l’identité de Santa Fe. Pour certains, l’Église catholique reste un pilier culturel et historique, ayant influencé la construction sociale et morale de la province pendant des siècles. Supprimer sa mention pourrait être perçu comme une rupture avec cet héritage, voire comme une tentative d’effacer une partie de l’histoire locale. D’un autre côté, les défenseurs de la proposition arguent que maintenir une référence confessionnelle dans un texte constitutionnel moderne est anachronique dans une société de plus en plus diverse, où les croyances évangéliques, les spiritualités alternatives et l’agnosticisme gagnent du terrain.

Cette tension reflète un dilemme plus large en Amérique latine, où l’influence de l’Église catholique décline face à la montée d’autres courants religieux et à une sécularisation croissante. Des études récentes montrent que dans plusieurs pays de la région, comme le Brésil ou le Chili, la population catholique représente désormais moins de la moitié des habitants, un phénomène qui pourrait encourager des réformes similaires ailleurs.

Une position maçonnique controversée

La franc-maçonnerie, souvent associée à des idéaux de rationalité et de liberté individuelle, a historiquement entretenu une relation tendue avec l’Église catholique, qui la considère comme incompatible avec la foi chrétienne. Cette proposition à Santa Fe renforce cette opposition, certains y voyant une tentative d’imposer une vision laïque au détriment des convictions religieuses majoritaires. Cependant, il est important de noter que la maçonnerie ne parle pas d’une seule voix, et ses loges locales pourraient avoir des priorités variées, allant de la défense de la laïcité stricte à une reconnaissance pluraliste des cultes.

On peut se demander si cette initiative reflète une véritable aspiration populaire ou si elle est portée par une minorité influente cherchant à marquer un point idéologique. Sans un large consensus, une telle réforme risque de polariser davantage la société santafesina, déjà divisée sur des questions comme l’avortement, l’éducation sexuelle ou les droits des minorités, où l’Église et la maçonnerie ont des positions souvent opposées.

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Vers un avenir incertain

À ce jour, la réforme constitutionnelle n’est pas encore finalisée, et la proposition maçonnique devra être débattue par la Convention constituante élue en avril 2025. Le résultat dépendra du rapport de forces entre les différents courants politiques et sociaux, ainsi que de la capacité des acteurs à trouver un compromis. Que la mention catholique soit supprimée, amendée ou maintenue, cette controverse illustre les défis d’adapter des textes fondateurs à une société en mutation, où les valeurs traditionnelles et les aspirations modernes s’entrecroisent.

Alors que le débat se poursuit, Santa Fe pourrait devenir un exemple pour d’autres régions d’Amérique latine confrontées à des questions similaires.

Reste à voir si cette réforme marquera une avancée vers une laïcité inclusive ou si elle exacerbera les divisions existantes.

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Pierre d’Allergida
Pierre d’Allergida
Pierre d'Allergida, dont l'adhésion à la Franc-Maçonnerie remonte au début des années 1970, a occupé toutes les fonctions au sein de sa Respectable Loge Initialement attiré par les idéaux de fraternité, de liberté et d'égalité, il est aussi reconnu pour avoir modernisé les pratiques rituelles et encouragé le dialogue interconfessionnel. Il pratique le Rite Écossais Ancien et Accepté et en a gravi tous les degrés.

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