mer 30 juillet 2025 - 06:07

Tolérance maçonnique : vertu ou compromis ?

De notre confrère expartibus.it – Par Rosmunda Cristiano

La tolérance, en Franc-maçonnerie, n’est ni une affectation morale, ni une condescendance tiède. C’est l’une des pierres angulaires de l’Art Royal, mais elle ne peut ni ne doit être confondue avec l’indifférence ou le silence lâche. La question est donc légitime : jusqu’à quel point un Frère Maçon doit-il être tolérant ?

La réponse est simple mais claire : assez pour être un homme libre, mais pas un millimètre au-delà, si cela signifie nier la vérité, la justice ou la dignité. La tolérance commence ici : par l’écoute, par l’acceptation des opinions des autres, même si elles s’opposent aux vôtres. Mais ce n’est pas tout.

Un Frère ne tolère pas tout et tout le monde : il tolère ce qui est motivé par la bonté, l’honnêteté intellectuelle et l’intention constructive. Il ne tolère pas le vice, l’arrogance, les mensonges déguisés en opinions, ni l’ignorance obstinée déguisée en orgueil.

Avec qui un franc-maçon doit-il être tolérant ?

Avec le frère qui erre de bonne foi, avec le profane qui cherche, avec l’hérétique de son idée, si elle est le fruit de la pensée et non de la propagande. Avec le jeune homme qui trébuche sur le chemin, avec le vieil homme qui ne comprend plus l’époque dans laquelle il vit.

La tolérance est sœur de la miséricorde, mais aussi fille de la justice. Elle ne peut exister sans discernement.

Tolérer tout, sans distinction, c’est accueillir même ce qui détruit.

Summum ius, summa iniuria.

Trop de lois, c’est de l’injustice.

Trop de tolérance est donc aussi un poison déguisé en miel.

Avec quoi peut-on confondre la tolérance maçonnique ?

Avec faiblesse. Avec peur du conflit. Avec le bien-être qui engendre des monstres.

On s’y réfugie souvent pour éviter de l’affronter. Sans compter que cette idée est indigne, cette attitude mesquine, ce langage offensant.

Non, mon frère, non, ma sœur. La franc-maçonnerie ne vous demande pas de vous taire. Elle vous demande d’être juste.

La tolérance ne signifie pas justifier toute méchanceté, accepter tout compromis ou fermer les yeux sur une « fraternité apparente ». La véritable fraternité se nourrit de Vérité, même lorsqu’elle brûle.

La vérité vous libère.

La vérité vous rendra libre.

Et parfois, cela vous rendra même seul.

Un franc-maçon ne peut tolérer la médiocrité imposée comme règle, la superstition déguisée en foi, la violence verbale déguisée en opinion.

Il ne peut tolérer la corruption, le silence ni une conscience endormie. Quiconque justifie l’injustifiable au nom de la tolérance a abandonné le Temple et est devenu un serviteur du Chaos.

Être tolérant n’est pas être neutre. La neutralité est le refuge de ceux qui ont peur de prendre parti. Un franc-maçon prend parti. Toujours. Avec la lumière, contre les ténèbres. Avec l’humanité, contre la barbarie. Avec la recherche, contre le dogme. Même au prix de quelque chose.

Sans peur, sans espoir.

Un franc-maçon qui refuse de payer le prix de sa tolérance est un demi-frère. Une coquille vide.

La tolérance n’est pas pour les timides, mais pour les audacieux. Pour ceux qui savent que les autres ont aussi le droit d’être entendus, mais que parfois, après avoir écouté, il faut répondre fermement : Non. C’est inacceptable !

Au Temple, il n’y a pas de place pour ceux qui confondent l’amour de l’humanité avec l’acceptation de l’ignorance comme valeur. Un franc-maçon tolère la diversité, mais pas l’opportunisme. Il tolère l’opposition loyale, et non le sabotage déguisé en « liberté de pensée ».

C’est pourquoi la tolérance est un art. Et un art difficile.

C’est la modération, l’équilibre, l’endurance. C’est une vertu aussi tranchante que l’épée du Maître.

C’est cette force invisible qui vous fait serrer la main de ceux qui méprisent vos idées, mais aussi cette voix qui vous oblige à vous lever quand le silence serait plus confortable.

La tolérance sine veritate est caritas mortua.La tolérance sans vérité est une charité morte.

Et nous sommes ici pour construire la vie.
Alors, frère ou sœur, soyez tolérants.
Mais ne vous laissez jamais prendre au piège de la soumission.

Tendez la main, mais ne vendez pas votre cœur.
Soyez accueillant, mais pas complice.
Soyez franc-maçon : libre, fort et lucide.

Et rappelez-vous : la tolérance est une conquête, pas une reddition.

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