mar 01 juillet 2025 - 14:07

le Dieu de la Bible et ses pactes d’alliance avec l’Humanité

Dieu de la Bible, un allié de l’Humanité ?

La Nature des Alliances Bibliques

Dans la tradition biblique, une alliance (en hébreu brit, en grec diathèkè) est un pacte solennel qui établit une relation durable entre Dieu et l’humanité, ou entre Dieu et un individu ou un peuple spécifique.

Contrairement à un contrat moderne basé sur des intérêts mutuels, l’alliance biblique est profondément relationnelle, marquée par la fidélité, la promesse divine et souvent un signe tangible (comme l’arc-en-ciel ou la circoncision). Ces alliances structurent l’histoire du salut, révélant le caractère de Dieu – miséricordieux, juste et fidèle – et Son plan pour réconcilier l’humanité avec Lui. Le Texte met en lumière plusieurs alliances clés, depuis Caïn jusqu’à la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ, en passant par des exemples spécifiques comme Jephté, et souligne des thèmes tels que la négociation, la soumission, la paix cosmique et les rites d’alliance.

1. L’Alliance avec Caïn : Une Protection Divine

Gustave Doré: Caîn et Abel offrant leur sacrifice

Texte de référence : Genèse 4:15 – « L’Éternel dit à Caïn : ‘Aussi, quiconque tuera Caïn sera puni au septuple.’ Et l’Éternel le marqua d’un signe, pour que personne, le rencontrant, ne le frappât. »
Après le meurtre d’Abel, Caïn est maudit et condamné à l’errance (Genèse 4:11-12). Cependant, dans un acte de miséricorde inattendu, Dieu lui accorde une protection spéciale : un « signe » (en hébreu ot) qui garantit que personne ne le tuera. La nature exacte de ce signe reste mystérieuse – certains commentateurs juifs (comme Rachi) suggèrent une marque physique, d’autres y voient une proclamation divine ou un symbole de repentance. Cette alliance, bien que personnelle, établit un précédent : même dans le péché, Dieu offre une grâce protectrice.:

  • Théologie : Cette alliance montre que Dieu ne rejette pas entièrement le pécheur. Caïn, bien qu’exilé, reste sous la providence divine, ce qui préfigure les alliances ultérieures où la miséricorde accompagne le jugement.
  • Contexte culturel : Dans les sociétés anciennes du Proche-Orient, marquer quelqu’un (physiquement ou symboliquement) était une pratique courante pour indiquer une protection ou une appartenance. Le signe de Caïn peut être comparé aux marques tribales ou aux sceaux royaux.
  • Interprétation juive : Le Midrash suggère que le signe pourrait être une lettre du nom divin (Tétragramme) ou un signe de repentance, soulignant que Caïn a eu l’opportunité de se réformer.
  • Parallèles : Cette alliance personnelle contraste avec les alliances universelles ou collectives ultérieures, mais elle pose la question de la responsabilité individuelle face à Dieu.

2. L’Alliance avec Noé : La Promesse Universelle

Gustave Doré : Le déluge

Texte de référence : Genèse 9:8-17 – Dieu promet de ne plus détruire la terre par un déluge, avec l’arc-en-ciel comme signe.
Après le déluge, qui anéantit presque toute vie à cause de la corruption humaine, Dieu établit une alliance avec Noé, sa famille et « toute chair » (c’est-à-dire tous les êtres vivants). Cette alliance est universelle, ne dépendant pas de l’obéissance humaine, mais de la seule fidélité de Dieu. L’arc-en-ciel (qeshet), symbole de paix et de beauté, apparaît comme un rappel constant de cette promesse. Le texte souligne la miséricorde divine et la volonté de préserver la création malgré le péché.

  • Contexte historique : Le récit du déluge s’inscrit dans un cadre mésopotamien, avec des parallèles dans des textes comme l’Épopée de Gilgamesh. Cependant, l’alliance noachique est unique par son accent sur la préservation universelle et l’absence de conditions imposées à l’humanité.
  • Signification du signe : L’arc-en-ciel, phénomène naturel visible après la pluie, symbolise la transition du jugement à la grâce. Dans la pensée juive, il est aussi un rappel pour l’humanité de se repentir pour éviter un jugement futur.
  • Théologie : Cette alliance établit Dieu comme le gardien de l’ordre cosmique. Elle inclut des lois noachides (Genèse 9:1-7), comme l’interdiction du meurtre, qui sont considérées dans le judaïsme comme des obligations morales universelles pour toute l’humanité.
  • Impact culturel : L’arc-en-ciel est devenu un symbole universel de paix et d’espoir, repris dans diverses traditions religieuses et culturelles.

Gustave Doré : Le sacrifice d’Isaac

3. L’Alliance avec Abraham : Le Peuple Élu et la Négociation

Texte de référence : Genèse 17:7-14 (alliance de la circoncision) ; Genèse 18:20-33 (négociation pour Sodome).
L’alliance avec Abraham est un pivot dans l’histoire biblique, marquant la formation d’un peuple élu destiné à bénir toutes les nations. Dieu promet à Abraham une descendance nombreuse, une terre (Canaan) et une relation spéciale : « Je serai leur Dieu. » Le signe de cette alliance est la circoncision des hommes (brit milah), un acte physique marquant l’appartenance à la communauté d’Israël. Le texte mentionne également la négociation d’Abraham avec Dieu pour sauver Sodome (Genèse 18:20-33), où il demande si Dieu épargnera la ville pour 50, 45, 40, 30, 20, puis 10 justes.:

  • Circoncision (brit milah) :
    • Signification : La circoncision, pratiquée le huitième jour pour les garçons, est un signe permanent de l’alliance, symbolisant la consécration à Dieu et la séparation d’Israël des autres nations. Elle engage non seulement Abraham, mais tous ses descendants.
    • Contexte culturel : La circoncision était pratiquée dans d’autres cultures anciennes (Égypte, certains peuples sémitiques), mais dans le judaïsme, elle acquiert une signification spirituelle unique comme signe d’alliance.
    • Théologie : La brit milah est un acte de soumission et de fidélité, mais aussi un rappel de la promesse divine de fécondité (une descendance « comme les étoiles »).
    • Impact historique : L’alliance abrahamique fonde l’identité d’Israël et influence le judaïsme, le christianisme et l’islam, qui se réclament tous d’Abraham comme patriarche.

Gustave Doré : La fuite de Loth

Moins connue la Négociation pour sauver Sodome
Texte de référence : (Genèse 18: 23-24)

Abraham ne l’entend pas ainsi et essaie de convaincre Dieu d’épargner Sodome à cause des justes qui, potentiellement, s’y trouvent : « Vas-tu vraiment supprimer le juste avec le coupable ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville ! Vas-tu vraiment supprimer cette cité, sans lui pardonner à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ? » (Genèse 18.23-24). Abraham met en avant, dans son plaidoyer, deux arguments qui pourraient faire revenir Dieu sur son intention. D’une part la justice veut que l’innocent ne périsse pas avec le coupable et, d’autre part, et l’argumentation est plus osée, les justes qui se trouvent à Sodome devraient permettre le pardon de tous. Il marchande avec Dieu pour qu’il accepte de diminuer le nombre de justes nécessaires au pardon : cinquante, quarante-cinq, quarante… dix. À dix, Abraham s’arrête.
Impact historique : L’alliance abrahamique fonde l’identité d’Israël et influence le judaïsme, le christianisme et l’islam, qui se réclament tous d’Abraham comme patriarche.

Gustave Doré : Moïse

4. L’Alliance au Sinaï : La Loi et la Sainteté

Texte de référence : Exode 19:5-6 ; Exode 20 (Décalogue).
L’alliance sinaïtique est conclue après la sortie d’Égypte, lorsque Dieu donne la Torah à Moïse sur le mont Sinaï. Cette alliance fait d’Israël un « royaume de prêtres » et une « nation sainte », à condition d’obéir à la Loi. Le Décalogue (les Dix Commandements) en est le cœur, et le sabbat est le signe spécifique de cette alliance (Exode 31:13). Le texte met l’accent sur l’obéissance, la justice sociale et la sainteté communautaire.

  • Structure de l’alliance :
    • Comme les traités suzerains-vassaux du Proche-Orient ancien, l’alliance sinaïtique comprend un préambule (« Je suis l’Éternel, ton Dieu »), des stipulations (les commandements), des bénédictions pour l’obéissance et des malédictions pour la désobéissance (Lévitique 26, Deutéronome 28).
    • Les commandements se divisent en devoirs envers Dieu (1-4) et envers autrui (5-10).
  • Le sabbat :
    • Signe de l’alliance, le sabbat (repos hebdomadaire) rappelle la création (Genèse 2:2-3) et la libération d’Égypte (Deutéronome 5:15).
    • Dans le judaïsme, il est une « cathédrale dans le temps » (Abraham Heschel), un moment de communion avec Dieu.
  • Théologie :
    • Cette alliance met l’accent sur la sainteté (kadosh), qui signifie être « mis à part » pour Dieu. Israël doit refléter le caractère de Dieu dans sa vie éthique et cultuelle.
    • Le texte souligne que le Dieu des Hébreux est un « libérateur » plus qu’un créateur cosmogonique, une idée centrale dans le judaïsme.
  • Contexte culturel : La Torah, avec ses 613 commandements, structure la vie d’Israël, des pratiques agricoles aux relations sociales, en contraste avec les lois des nations environnantes (par exemple, le Code d’Hammourabi).
  • Impact : L’alliance sinaïtique reste le fondement du judaïsme, et les chrétiens y voient une préparation à la Nouvelle Alliance, bien que Jésus ait réinterprété la Loi (Matthieu 5:17).

Gustave Doré : Le roi David punissant les Ammonites

5. L’Alliance Davidique : La Royauté Éternelle

Texte de référence : 2 Samuel 7:12-16.
Dieu promet à David une dynastie éternelle, déclarant que son trône sera établi « pour toujours ». Cette alliance s’appuie sur les promesses abrahamiques (un peuple, une terre) et sinaïtiques (la Loi), mais introduit une dimension messianique : un roi de la lignée de David régnera éternellement. Le texte mentionne aussi le Psaume 108:9, qui célèbre la souveraineté divine sur Galaad, Manassé, Éphraïm et Juda.

  • Contexte historique : David unifie Israël et établit Jérusalem comme capitale. L’alliance divine légitime sa dynastie face aux instabilités politiques de l’époque ( Philistins, Ammonites).
  • Signification théologique :
    • Cette alliance est inconditionnelle, contrairement à l’alliance sinaïtique. Même si les descendants de David pèchent, la promesse divine demeure (2 Samuel 7:14-15).
    • Elle préfigure le Messie, un roi juste et éternel. Dans le judaïsme, le Messie est attendu comme un descendant davidique ; dans le christianisme, Jésus est ce « Fils de David » (Matthieu 1:1).
  • Symbolisme géographique :
    • Le Psaume 108:9 reflète l’idéal d’un Israël uni, où Galaad (à l’est du Jourdain) et Éphraïm (au nord) symbolisent les tribus dispersées, et Juda (au sud) la royauté.
    • Galaad, région fertile, est aussi associée à Jephté (voir section suivante).
  • Impact culturel : L’espérance messianique davidique a inspiré des mouvements religieux et politiques dans l’histoire juive, comme la révolte des Maccabées ou le sionisme moderne.

Gustave Doré : la fille de Jephté

6. Jephté : Le Serment et le Sacrifice

Texte de référence : Juges 11:30-38 – Jephté voue à Dieu la première créature qui sortira de sa maison s’il est victorieux contre les Ammonites.
Jephté, chef des Galaadites, fait un vœu tragique : en échange de la victoire contre les Ammonites, il offrira en holocauste la première personne qui sortira de sa maison. À son retour, c’est sa fille unique qui l’accueille, et Jephté, fidèle à son serment, accomplit le sacrifice. Le texte mentionne aussi le conflit avec les Éphraïmites, qui reprochent à Jephté de ne pas les avoir inclus dans la bataille.

  • Contexte historique :
    • Jephté vit à l’époque des Juges (XIIe-XIe siècle av. J.-C.), une période d’instabilité où les tribus d’Israël sont menacées par des voisins comme les Ammonites. Galaad, à l’est du Jourdain, est une région stratégique attribuée à Gad et à la demi-tribu de Manassé.
    • Les Éphraïmites, tribu puissante à l’ouest du Jourdain, cherchent à affirmer leur suprématie, d’où leur querelle avec Jephté (Juges 12:1-6).
  • Le vœu de Jephté :
    • Le vœu reflète une pratique ancienne où les serments à Dieu étaient irrévocables (Nombres 30). Cependant, les holocaustes humains étaient interdits dans la Loi mosaïque (Lévitique 18:21), ce qui rend le geste de Jephté controversé.
    • Certains commentateurs (juifs et chrétiens) suggèrent que Jephté n’a pas littéralement sacrifié sa fille, mais l’a consacrée à une vie de célibat ou de service religieux. D’autres insistent sur le caractère tragique du texte, où la fidélité aveugle mène à la catastrophe.
  • Signification théologique :
    • Jephté incarne le paradoxe de la foi : une obéissance absolue peut conduire à des actes moralement discutables. Son histoire questionne la nature des vœux et des alliances avec Dieu.
    • Le texte note le « lien fanatique à la promesse », suggérant une critique de l’excès de zèle religieux.
  • Conflit avec Éphraïm :
    • Les Éphraïmites menacent Jephté pour des raisons d’orgueil tribal, mais Jephté rétorque qu’il avait demandé leur aide sans succès (Juges 12:2-3).
    • La guerre civile qui s’ensuit (Juges 12:4-6) montre les divisions internes d’Israël, un thème récurrent dans le livre des Juges.
  • Symbolisme géographique :
    • Galaad, Manassé et Éphraïm, mentionnés dans le Psaume 108:9, représentent l’unité idéale d’Israël sous la souveraineté divine. Pourtant, l’histoire de Jephté révèle des fractures tribales.
  • Impact culturel : La fille de Jephté est commémorée dans une tradition juive où les femmes pleurent son sort chaque année (Juges 11:39-40), un rituel qui souligne la tragédie humaine dans les engagements religieux.

Gustave Doré : Esdras montrant la sainte Loi

7. L’Alliance Théocratique : Le Monothéisme d’Esdras

Texte de référence : On considère Esdras et le Décalogue comme fondements des devoirs envers Dieu, la famille et l’humanité.
Avec Esdras, après l’exil babylonien (Ve siècle av. J.-C.), le judaïsme se recentre sur le monothéisme strict et la Torah comme constitution nationale. Le texte décrit une « alliance théocratique » où le roi est le « lieutenant de Dieu ». Quant au Décalogue, il structure trois catégories de devoirs : envers Dieu (monothéisme, sabbat), la famille (respect des parents, fidélité conjugale) et l’humanité (interdiction du vol, du mensonge, de l’esclavage). Cette vision ethno centrée vise à préserver l’identité juive face aux influences perses et grecques.

  • Contexte historique : Esdras, scribe et prêtre, réforme le culte et la société juive après le retour de Babylone (Néhémie 8). Il insiste sur la pureté rituelle et l’observance de la Torah, parfois au prix de mesures strictes (par exemple, le renvoi des épouses étrangères, Esdras 10).
  • Le Décalogue :
    • Envers Dieu : Les quatre premiers commandements affirment le monothéisme (« Tu n’auras pas d’autres dieux »), interdisent les idoles et sanctifient le sabbat. après  ce qui jusqu’alors n’était
    • Envers la famille : Honorer ses parents et interdire l’adultère renforcent la stabilité sociale, vue comme sacrée.
    • Envers l’humanité : Les interdits du meurtre, du vol, du faux témoignage et de la convoitise promeuvent une éthique universelle. Le texte note que l’esclavage (vol d’humain) est particulièrement condamné.
  • Théologie : Le Dieu d’Israël est un libérateur (Exode) plus qu’un créateur cosmique, une idée reprise par des penseurs comme André Néher, cité dans le texte. Néher voit l’alliance comme une « relation » dynamique, pas un dogme statique.
  • Spinoza et l’excommunication : L’excommunication de Spinoza en 1656 par la communauté juive d’Amsterdam pour ses idées rationalistes illustre les tensions entre la théocratie rigide et les questionnements philosophiques modernes.Spinoza critique l’idée d’un Dieu anthropomorphique et d’une alliance littérale, proposant une lecture éthique de la Torah, ce qui le met en conflit avec l’orthodoxie.

Gustave Doré : Jésus et ses disciples à la Cène

8. La Nouvelle Alliance : La Promesse Accomplie

Texte de référence : Jérémie 31:31-34 ; Luc 22:20.

Contexte et analyse :
Prophétisée par Jérémie, la Nouvelle Alliance promet une transformation intérieure : la Loi sera inscrite dans les cœurs, et les péchés seront pardonnés. Jésus, lors de la Dernière Cène, inaugure cette alliance par Son sang, unissant Juifs et non-Juifs dans une communauté universelle. Le texte souligne que cette alliance transcende toutes les précédentes par son caractère inclusif et son accent sur la grâce.

  • Contexte prophétique :
    • Jérémie annonce la Nouvelle Alliance dans un contexte d’exil et de désespoir, promettant un renouveau spirituel après l’échec répété d’Israël à respecter l’alliance sinaïtique.
    • Ézéchiel (36:26-27) complète cette vision en promettant un « cœur nouveau » et l’Esprit de Dieu.
  • Réalisation en Jésus :
    • Lors de la Pâque, Jésus relie Son sacrifice à l’alliance nouvelle (Luc 22:20), reprenant l’imagerie de l’Exode (le sang de l’agneau pascal).
    • Sa résurrection scelle la victoire sur le péché et la mort, rendant l’alliance accessible à tous (Actes 2).
  • Théologie :
    • Contrairement aux alliances précédentes, qui reposaient sur des signes extérieurs (circoncision, sabbat), la Nouvelle Alliance agit par l’Esprit, transformant les croyants de l’intérieur.
    • Elle universalise les promesses abrahamiques : toutes les nations deviennent héritières de la bénédiction (Galates 3:28-29).
  • Impact historique :
    • La Nouvelle Alliance fonde le christianisme, qui se répand dans l’Empire romain et au-delà.
    • Dans le dialogue judéo-chrétien, elle suscite des débats : les chrétiens voient en Jésus l’accomplissement des alliances, tandis que le judaïsme maintient l’alliance sinaïtique comme éternelle.
  • Paix cosmique :
    • Le Texte mentionne une « paix cosmique » comme dénouement de l’histoire humaine (shalom). Dans la théologie chrétienne, cela correspond à la vision eschatologique d’un royaume de justice et d’harmonie (Apocalypse 21).
    • Dans le judaïsme, shalom est l’idéal d’un monde réconcilié sous la Torah, comme l’envisagent les prophètes (Isaïe 11:6-9).

Rites d’Alliance : Signes et Symboles

Reprenons la marque des alliances

  • Caïn : Le signe mystérieux, peut-être une marque de protection.
  • Noé : L’arc-en-ciel, symbole universel de miséricorde.
  • Abraham : La circoncision (brit milah), signe d’appartenance et de consécration.
  • Sinaï : Le sabbat, signe de repos et de communion avec Dieu.
  • David : Pas de signe physique explicite, mais le trône et le Temple (construit par Salomon) symbolisent la présence divine.
  • Nouvelle Alliance : L’Eucharistie (pain et vin) et le baptême, signes de la mort et de la résurrection de Jésus.
  • Dans le judaïsme, les rites comme la circoncision et le sabbat sont des actes d’obéissance joyeuse, intégrés à la vie quotidienne.
  • Dans le christianisme, les sacrements (baptême, Eucharistie) prolongent l’alliance dans une perspective spirituelle et eschatologique.
  • André Néher voit dans shalom l’alliance ultime, où les rites culminent dans une harmonie universelle.

Les rites d’alliance ne sont pas de simples rituels ; ils incarnent la relation entre Dieu et l’humanité, rappelant les promesses mutuelles.

On peut dégager trois dynamiques dans les alliances :

  1. Négociation : Exemplifiée par Abraham (Genèse 18), elle montre que l’alliance n’est pas unilatérale. L’homme peut dialoguer avec Dieu, intercéder et influencer le cours des événements, dans les limites de la justice divine. Outre Abraham, Moïse négocie avec Dieu pour épargner Israël après le veau d’or (Exode 32:11-14), et les prophètes comme Élie ou Jonas dialoguent avec Dieu pour accomplir leur mission.
  2. Soumission : La circoncision et le Décalogue exigent une obéissance totale, mais cette soumission est vue comme une réponse libre à l’amour de Dieu, pas une contrainte. Dans le judaïsme, l’obéissance à la Torah est une « alliance de vie » (Deutéronome 30:19-20). Dans le christianisme, la soumission se traduit par la foi en Christ (Jean 15:10).
  3. Paix cosmique (shalom) : Chaque alliance est un pas vers un monde réconcilié. Noé préserve la création, Abraham bénit les nations, le Sinaï instaure la justice, David promet un roi juste, et la Nouvelle Alliance offre le pardon universel. Shalom dépasse l’absence de conflit ; il englobe la plénitude, la justice et la communion avec Dieu. Les prophètes (Isaïe, Michée) et les Psaumes (comme 108:9) en font un idéal eschatologique.

Les alliances bibliques forment une chaîne cohérente, chaque pacte s’appuyant sur le précédent pour révéler davantage le plan divin. De la protection de Caïn à la paix universelle de la Nouvelle Alliance, elles montrent un Dieu qui s’engage avec l’humanité malgré ses failles. Les rites, les signes et les devoirs (envers Dieu, la famille, l’humanité) ancrent ces alliances dans la vie concrète, tandis que l’espérance du shalom donne un horizon eschatologique.

Enfin, l’idée de paix cosmique résonne avec les défis modernes – justice sociale, écologie, dialogue inter-religieux – où les alliances bibliques peuvent inspirer une vision d’unité et de réconciliation.

Dans le judaïsme, les alliances restent vivantes à travers la Torah et les pratiques comme le sabbat ou la circoncision.
Dans le christianisme, la Nouvelle Alliance invite à une foi active, marquée par l’amour et la mission universelle.


Cependant, les prescriptions permettant les alliances suscitent des débats philosophiques : comment concilier liberté individuelle et engagement communautaire?

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Solange Sudarskis
Solange Sudarskis
Maître de conférences honoraire, chevalier des Palmes académiques. Initiée au Droit Humain en 1977. Auteur de plusieurs livres maçonniques dont le "Dictionnaire vagabond de la pensée maçonnique", prix littéraire de l'Institut Maçonnique de France 2017, catégorie « Essais et Symbolisme ».

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