Je ne parlerai pas de la mort dont il est difficile de parler en termes initiatiques, mais j’essaierai de traiter de ce que signifie pour nous Maçons, l’immortalité de l’âme, célébrée par Socrate et Platon, ainsi que le point de vue de nos ancêtres et des Anciens sur la question. Le rituel nous dit que les questions métaphysiques sont toujours un lieu d’incertitude et que pour cette raison nous nous défions de tous les dogmes.
Mais le rituel nous dit aussi que les symboles parlent et s’ils parlent, s’ils sont signifiants c’est qu’ils sont susceptibles de conduire a quelque vérité, même partielle et approchée.
De plus pouvons-nous vivre sans croyances ?

Certes une croyance ne peut être une certitude rationnelle, ce n’est qu’’une conviction subjective, comme par exemple la croyance aux valeurs morales. Mais elle a le mérite de nous inspirer des règles de vie et même de fonder une éthique capable d’orienter et de structurer une existence. Voyez comme peuvent se conduire parfois tant de gens qui affirment « ne croire en rien » ce qui est un mal caractéristique de notre siècle.
Dans cette optique, il est toujours nécessaire de s’interroger sur l’au-delà de la vie et de la mort. On ne vit pas de la même manière si on croit que la mort est un pur anéantissement de l’être et de la personne et si l’on pense que notre âme a des chances de survivre dans un espace inconnu et pourquoi pas, de poursuivre là bas sa progression vers la Lumière.
Et à cet égard je peux dire que le Rite de notre Ordre parle souvent et avec une force d’illumination incomparable.
Quand un de nos Frères, comme celui que nous pleurons aujourd’hui, nous a définitivement prive de sa présence, nous disons qu’il est passe à l’Orient éternel. L’Orient est pour nous un terme familier qui désigne le lieu ou siège la plus haute Lumière, celle du Delta, symbole de la Suprême Pensée qui anime le monde comme elle guide et éclaire notre quête spirituelle.
C’est pourquoi c’est aussi celui ou siège le Vénérable Maitre de la Loge.

Mais il est clair que l’Orient parce qu’il suggère une éternité de Lumière, se situe au delà du Temple et du monde matériel, qu’il a un rapport avec la Présence du Grand Architecte de l’Univers, et qu’il est ce lieu sacre et inconnu ou se retrouvent tous ceux qui ont quitte ce monde et tous nos Frères disparus.
Nous Maçons, nous voyons l’Orient éternel comme un espace ou la vie se perpétue, puisque nos Frères dans notre esprit demeurent vivants, immortels, que nous les associons comme nous le ferons tout a l’heure, a notre Chaine d’Union rituelle ou nous les pensons la, nous tenant par la main et poursuivant cependant ailleurs et dans une autre Lumière l’œuvre de perfection a laquelle ils se sont voués.
Victor Hugo, qui fut aussi un grand poète initie, n’a-t-il pas écrit :
« Les morts sont des vivants mêlés a nos combats »?
Lui aussi ne pouvait les concevoir séparés de la vie et surtout de notre vie, de nos espérances et de nos travaux.

Mais le plus grand symbole maçonnique de l’immortalité de l’âme c’est certainement celui de la résurrection d’Hiram que chaque maitre a été appelé à vivre a l’occasion de son initiation au 3eme degré. Celui qui incarne les plus hautes vertus maçonniques, l’architecte assassiné du Temple de Jérusalem, se relève de son cercueil et apparait «aussi radieux que jamais » dans le rayonnement de l’eternel Orient.
Cette résurrection exemplaire apparait comme le symbole de la résurrection de tous les inities, de tous ceux qui sont attaches à suivre le chemin de l’esprit en quête d’élévation, de sérénité intérieure et de perfection.
L’exemple d’Hiram nous enseigne l’ultime finalité de la quête initiatique: nous rendre dignes de la connaissance totale dans le royaume de l’Esprit par la pratique de la sagesse et la persévérance dans la recherche.
Nos ancêtres ont toujours cru a la survivance de l’esprit des morts et les premiers gestes funéraires des humains primitifs témoignent pour les spécialistes de la préhistoire delà préoccupation d’un passage des disparus dans un autre monde.
Le culte des esprits a été la première religion de l’humanité, il a dure des dizaines de milliers d’années et on en trouve de multiples témoignages dans d’innombrables cultures actuelles d’Asie, d’Afrique et d’Amérique. Les Romains ont toujours honore dans les foyers les mânes de leurs ancêtres, ils mettaient une pièce de monnaie dans la bouche des morts pour qu’ils paient leur passage sur le grand fleuve qui conduit vers l’au-delà.

Quant aux Egyptiens toute leur religion était tournée vers la vie future et préparait tous les humains au voyage de l’âme dans les sphères célestes qu’ils devaient accomplir dans la barque d’Isis en forme de croissant de lune.
Et que signifieraient le mot d’espoir qui suit les multiples« gémissons » de la batterie de deuil, et le fait qu’elle soit toujours suivie d’une batterie d’espérance, de confiance et de sérénité, si ce rite ne nous invitait pas a croire que la vie se prolonge ailleurs dans un monde de lumière ou l’initie connaitra l’initiation véritable.
Est-ce que nous dirions: « Les corps de nos Frères disparus ont rejoint les ténèbres, mais leur esprit brille encore » si nous ne partagions cette espérance d’une survie future que toutes les symboliques initiatiques et religieuses nous ont toujours enseignée ?