Ce lundi 28 avril 2025, à 20h, la Grande Loge Nationale Française (GLNF) a accueilli un événement d’exception dans le cadre des prestigieuses Conférences publiques Villard de Honnecourt. Comme annoncé dans nos colonnes du 9 avril dernier, la Loge de recherche Villard de Honnecourt a reçu Raphaël Gaillard, un conférencier de renom, pour une soirée placée sous le signe de la réflexion et de l’humanisme. Avec pour thème « L’hybridation de l’Homo sapiens du XXIe siècle et de l’Intelligence Artificielle ».
Cette conférence a attiré plus de 500 personnes de tous horizons, remplissant le Grand Temple de la Maison des Maçons, située au 12 rue Christine de Pisan, dans le 17e arrondissement de Paris. Retour sur une soirée qui a marqué les esprits par sa profondeur, son actualité, et son succès indéniable. La soirée s’est ouverte par un mot d’accueil du Vénérable Maître Yves Hivert-Messeca, suivi d’un discours du Grand Maître de la GLNF Yves Pennes.
Un conférencier d’exception pour un sujet brûlant

Raphaël Gaillard, normalien, médecin, psychiatre, et professeur à l’université Paris Cité, est une figure éminente des neurosciences cognitives. Chargé du pôle hospitalo-universitaire de l’hôpital Sainte-Anne, il a été élu à l’Académie française le 25 avril 2025, au fauteuil de Valéry Giscard d’Estaing, une distinction qui souligne son rayonnement intellectuel. Auteur de plusieurs ouvrages, dont son récent essai L’homme augmenté, Gaillard s’est imposé comme un penseur incontournable des interactions entre biologie, technologie, et éthique. Il a offert au public avide de réflexion une exploration rigoureuse et humaniste des enjeux liés à l’intelligence artificielle (IA).

Le choix du thème, « L’hybridation de l’Homo sapiens du XXIe siècle et de l’Intelligence Artificielle », n’était pas anodin. À une époque où les avancées technologiques redéfinissent notre rapport au monde, la franc-maçonnerie, fidèle à sa vocation de recherche de la vérité et de compréhension de l’univers, se devait d’aborder cette question cruciale. Comme l’indiquait l’annonce du 9 avril sur 450.fm, cette soirée promettait d’être un espace de dialogue unique, mêlant science, sociologie, et pensée maçonnique. Et le pari a été largement tenu.
Une affluence record et une ambiance studieuse
Dès 19h45, les participants ont afflué dans le Grand Temple de la rue Christine de Pisan, un lieu emblématique de la GLNF, accessible via la ligne 14 du métro parisien (station Pont Cardinet) ou par le tramway.
Les 500 places disponibles ont rapidement été prises d’assaut, témoignant de l’engouement pour le sujet et de la réputation des Conférences Villard de Honnecourt.
Maçons, profanes, chercheurs, étudiants, et simples curieux se sont réunis dans une ambiance à la fois studieuse et fraternelle, prêts à explorer les implications de l’IA sur l’avenir de l’humanité.

La GLNF, obédience maçonnique fondée sur des valeurs de régularité, de tradition, et d’humanisme, a une nouvelle fois démontré sa capacité à rassembler un public diversifié autour de thématiques universelles. Depuis sa fondation, la GLNF s’attache à promouvoir le perfectionnement de soi et l’engagement humaniste, des idéaux qui ont trouvé un écho particulier dans les propos de Raphaël Gaillard. Cette soirée, ouverte à tous sur inscription gratuite via le site de la GLNF, a incarné la vocation de l’obédience à « réunir ce qui est épars » en favorisant le dialogue entre science et spiritualité.
L’IA : entre réparation, augmentation, et risques

Raphaël Gaillard a ouvert sa conférence en posant une question fondamentale : l’IA est-elle une menace ou une opportunité pour l’Homo sapiens ? Initiée dans les années 1950, l’intelligence artificielle repose sur des réseaux neuronaux artificiels simulant le fonctionnement du système nerveux humain. Grâce à l’augmentation exponentielle des capacités de calcul des ordinateurs, l’IA a connu un essor fulgurant, transformant des domaines aussi variés que la médecine, la communication, ou encore l’éducation.
Le conférencier a d’abord insisté sur une distinction essentielle : celle entre la réparation et l’augmentation. Dans le domaine médical, les interfaces cerveau-machine, rendues possibles par des implants cérébraux, ont déjà permis des avancées spectaculaires. Un homme paralysé peut désormais marcher ou transmettre ses pensées grâce à ces technologies. Ces applications, qui relèvent de la réparation, sont unanimement saluées pour leur contribution au bien-être humain. Mais Gaillard a alerté sur une dérive potentielle : l’augmentation. Avec l’essor des écrans et des objets connectés, nous nous habituons déjà à une forme d’hybridation technologique. Demain, l’IA pourrait devenir un prolongement de nous-mêmes, un « appendice » comparable à nos smartphones, voire être incorporée directement dans notre corps.
Cependant, cette perspective soulève des questions éthiques et psychologiques majeures. Gaillard a rappelé une réalité fondamentale :
« Il n’y a pas de port USB dans le cerveau ! » Contrairement à une machine, le cerveau humain est un système d’une complexité inouïe, coordonnant 85 milliards de neurones, chacun établissant entre 1 000 et 10 000 connexions.
Une « neuroprothèse » peut certes suppléer ou remplacer une fonction perdue, mais elle risque aussi de déséquilibrer l’harmonie psychique. En augmentant de manière excessive une compétence spécifique – comme la mémoire ou la rapidité de calcul – au détriment des autres, on perturbe l’équilibre des savoirs et des capacités. Le moindre décalage dans le traitement de l’information peut engendrer des dérèglements comportementaux majeurs, voire des troubles mentaux.

Gaillard a ainsi averti contre une possible « épidémie de troubles mentaux » comme prix à payer pour une hybridation mal maîtrisée. Les effets secondaires de l’augmentation, amplifiés par une dépendance croissante aux technologies, pourraient fragiliser la santé psychique de l’humanité. Ce constat, loin d’être alarmiste, invite à une réflexion collective sur la manière dont nous intégrons l’IA dans nos vies.
Une note d’espérance : l’écriture comme modèle d’hybridation

Malgré ces mises en garde, Raphaël Gaillard a conclu sa conférence sur une note d’espérance, en proposant un parallèle historique éclairant. Il a rappelé que l’humanité a déjà connu une forme d’hybridation réussie avec l’avènement de l’écriture, il y a plusieurs millénaires. Ce passage de la Préhistoire à l’Histoire a marqué une révolution majeure : en déposant notre savoir hors de nous par l’écriture, puis en nous le réappropriant par la lecture, nous avons transformé notre rapport au monde et à nous-mêmes. Pour Gaillard, cette expérience peut servir de modèle pour appréhender l’hybridation avec l’IA.
« L’écriture nous a appris à externaliser notre pensée sans perdre notre essence. L’IA pourrait être une nouvelle étape, à condition de la maîtriser avec sagesse », a-t-il déclaré.
Ce parallèle a particulièrement résonné avec l’audience maçonnique, pour qui le symbolisme et l’histoire occupent une place centrale. La franc-maçonnerie, avec sa tradition de recherche de la lumière et de perfectionnement de soi, trouve dans cette réflexion une invitation à aborder l’IA comme un outil au service de l’humanité, et non comme une fin en soi.
Un échange riche avec le public

La conférence s’est prolongée par un temps d’échange avec le public. Les questions ont fusé, reflétant la diversité des participants. Un chercheur a interrogé Gaillard sur les avancées de Neuralink, la société d’Elon Musk, qui développe des implants cérébraux pour augmenter les capacités cognitives. Un étudiant en philosophie a demandé comment l’IA pourrait affecter notre conception du libre arbitre. Une sœur a évoqué les implications spirituelles de l’hybridation, questionnant le rôle de la conscience dans un monde de plus en plus technologisé.
Gaillard a répondu avec clarté et humilité, soulignant l’importance d’une régulation éthique et d’une réflexion collective.
« L’IA doit rester au service de l’humain, et non l’inverse »
a-t-il insisté, rejoignant ainsi les préoccupations de nombreux penseurs contemporains. Ce dialogue, qui s’est prolongé jusqu’à 21h30, a permis à chacun de nourrir son esprit et d’élargir ses horizons, dans l’esprit des Conférences Villard de Honnecourt.
Un succès qui consacre la vocation de la GLNF

Cette soirée du 28 avril 2025 a été un franc succès, tant par l’affluence que par la qualité des échanges. Elle a démontré une fois de plus la pertinence des Conférences publiques Villard de Honnecourt, un rendez-vous incontournable pour les esprits curieux et les chercheurs de vérité. En accueillant Raphaël Gaillard, la GLNF a offert à son public une réflexion d’une actualité brûlante, tout en restant fidèle à ses valeurs humanistes et initiatiques.
Pour les participants, cette soirée a été une occasion unique de découvrir la richesse de la pensée maçonnique et son ouverture aux grands enjeux de notre temps. Comme l’a souligné un frère présent dans l’assemblée, « la franc-maçonnerie, en s’emparant de sujets comme l’IA, montre qu’elle est un espace de dialogue et de progrès, capable d’éclairer les défis de demain ». Un sentiment partagé par de nombreux profanes, qui ont découvert avec intérêt une obédience attachée à la recherche de la lumière et à l’élévation spirituelle.
Vers une nouvelle ère de réflexion maçonnique
En cette année 2025, alors que l’humanité se trouve à un tournant décisif de son histoire, la GLNF continue de jouer son rôle de phare intellectuel et spirituel. La conférence de Raphaël Gaillard, à la croisée de la science, de la philosophie, et de la pensée maçonnique, a ouvert des perspectives nouvelles sur l’hybridation entre l’Homo sapiens et l’IA. Elle a aussi rappelé une vérité essentielle : face aux bouleversements technologiques, c’est en cultivant notre humanité – notre capacité à réfléchir, à dialoguer, et à nous perfectionner – que nous pourrons relever les défis de demain.
Les mots de Raphaël Gaillard résonnent encore dans les esprits :
« Comme l’écriture nous a transformés sans nous aliéner, l’IA peut être une chance, à condition de la guider avec sagesse. »