Professeur émérite d’histoire méditerranéenne à l’université de Cambridge, David Abulafia en a présidé la faculté d’histoire. Ses recherches portent essentiellement sur l’Espagne, l’Italie et la Méditerranée médiévales.
Publié initialement en langue anglaise chez Penguin Books Litd, Londres sous le titre original The Great Sea en 2014 et remarquablement traduit par Olivier Salvatori, l’ouvrage permet désormais aux lecteurs s’exprimant dans la langue de Molière de pouvoir se plonger dans l’histoire de la Méditerranée, du latin mediterraneus qui veut dire « au milieu des terres », mer intercontinentale presque entièrement fermée. Grand spécialiste de cette mer, nous devons aussi à David Abulafia The mediterranean in history (Thames & Hudson, 2021).
Le bassin méditerranéen a été, est et restera une des régions plus importantes pour l’histoire du monde. Elle constitue le point de départ de plusieurs grandes civilisations (Grèce, Phénicie, Égypte, Carthage, Rome, Byzance, etc.) dont s’est nourrie la civilisation occidentale.
Dans son étude mémorable, David Abulafia retrace l’histoire de la Méditerranée à la fois espace de conflits – fractures et conflits au sein des civilisations – et, avec la Méditerranée médiévale, espace d’échanges. Échanges économiques avec ses routes commerciales mais aussi culturels, avec ses lieux de rencontres et débats intellectuels, symbole de quasi-tolérance.
Unité et diversité, c’est, en 3000 ans d’histoire, ce que l’auteur nous fait vivre. De la première Méditerranée – 22 000‑1000 av. J.-C. – à la cinquième Méditerranée, de 1830 à nos jours.
Visitant l’histoire des peuples, de tous les peuples (marchands et héros, peuples de la mer et de la terre, diasporas), mais aussi de toutes les croyances, anciennes et nouvelles, par-delà les frontières de la chrétienté et de l’islam, et de toutes les histoires, retraçant mort et renaissance des empires, le livre de David Abulafia a su redonner à la Méditerranée ses lettres de noblesse et nous faire sans doute prendre conscience que nous sommes les dignes successeurs de nos anciens. Héritiers d’un formidable bien commun à transmettre, malgré toutes les diversités – ethnique, linguistique, religieuse, politique. Incontournable, ce très grand livre est une référence valant à David Abulafia le qualificatif de plus grand historien vivant de la Méditerranée…
Richement illustré (76 illustrations), avec 39 cartes pour une meilleure visualisation, véritable aide à la compréhension et à l’analyse, avec un index et une abondante bibliographie (43 pages), cet ouvrage a reçu le prix de la British Academy ainsi que le Mountbatten Maritime Award et est lauréat du Prix Mare Nostrum (Notre Mer) Histoire et géopolitique, 2022.
Un ouvrage encensé par la critique : “Un très grand livre.” (Le Figaro Histoire) ; “Un ouvrage de référence.” (Le Point) ; “Ce livre est incontournable.” (Historia) ; “Un récit foisonnant de personnages et de vie.” (Le Monde des Livres) ; “Un travail remarquable.” (L’OBS).
Une première de couverture est une reproduction d’une enluminure issue du très célèbre manuel médiéval sur la santé le Tacuinum sanitatis. À la fin du Moyen Âge, le Tacuinum, dans sa version généreusement illustrée, est très populaire en Europe de l’Ouest.
Une belle façon d’aborder autrement ces sociétés à mystères qui avaient, à l’époque, un but essentiellement religieux, reposant sur l’initiation, notamment en Égypte antique, ou dans les cultes à mystères du monde gréco-romain… Le chapitre « Anciennes et nouvelles croyances » nous fait comprendre comment la Méditerranée dite occidentale s’est détachée de celle dite orientale.
Les Belles Lettres est une maison d’édition française de littérature et de sciences humaines spécialisée, à l’origine (1919), dans la publication d’auteurs antiques. Son catalogue comprend aujourd’hui plus de mille textes grecs, latins, chinois, japonais, sanskrits, donnés aussi dans des éditions bilingues et issus de disciplines diverses qui ont marqué le progrès de la connaissance humaine. La légende, sûrement apocryphe, attribue l’idée originelle des Belles Lettres au linguiste et celtiste Joseph Vendryes (1875-1960). La chouette, première de couverture des Belles Lettres depuis 1920, symbolise cette belle maison.
Dans le Dictionnaire des symboles (1re éd., 1969 ; éd. revue et corrigée, Robert Laffont, 1982) de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant à l’entrée “chouette”, on peut lire que : « … Guénon a noté que l’on pouvait voir là, ainsi que dans le rapport avec Athéna-Minerve, le symbole de la connaissance rationnelle – perception de la lumière (lunaire) par reflet – s’opposant à la connaissance intuitive – perception directe de la lumière (solaire). C’est peut-être aussi pourquoi elle est traditionnellement un attribut des devins : elle symbolise leur don de clairvoyance, mas à travers les signes qu’ils interprètent. La chouette, oiseau d’Athéna, symbolise la réflexion qui domine les ténèbres… »
Nous attribuons à la chouette une symbolique riche que nous retrouvons dans de nombreuses traditions : intuition, capacités intuitives, capacité de voir ce que les autres ne voient pas ; voir au-delà de la tromperie et des masques, sagesse, guide spirituel, messager en contact avec le monde spirituel et l’intuition, curiosité pour les mystères de la vie et l’inconnu, connexion avec le « moi supérieur », annonce du changement, etc.
Les Belles Lettres, le site / Les Belles Lettres, le livre
La Grande Mer-Une histoire de la Méditerranée et des Méditerranéens
David Abulafia – Les Belles Lettres, 2022, 702 pages, 35 € – Format Kindle 24,99 €