ven 22 novembre 2024 - 15:11

Lieu symbolique : Le Mont-Saint-Michel a 1000 ans !

L’abbaye bénédictine du Mont-Saint-Michel a été officiellement fondée en 966 et la construction de l’édifice actuel a débuté peu après, en 1023. Mille ans plus tard, la « Merveille de l’Occident » s’offre à notre regard.

Blason de l’abbaye du Mont-Saint-Michel.

Le mont (îlot rocheux) et le cordon littoral de la baie figurent depuis 1979 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Borne des mille kilomètres à Moustey (Landes) sur la via Turonensis.

Depuis 1998, le Mont-Saint-Michel bénéficie en outre d’une seconde inscription sur la liste du patrimoine mondial en tant que composante des « Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France, tout comme 70 autres monuments, tout comme la Tour Saint-Jacques à paris, le pont du Diable à Saint-Jean-de-Fos dans l’Hérault ou l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques et ancien pont à Toulouse (Haute-Garonne) et 7 portions de chemins.

Marquage du chemin conduisant à Saint-Jacques-de-Compostelle.

Le Mont-Saint-Michel, depuis 1862, est inscrit au titre des monuments historiques nationaux.

Désormais, des navettes de transport gratuites et des cheminements piétonniers mènent les visiteurs jusqu’au Mont.

C’est un îlot rocheux granitique d’environ 960 mètres de circonférence situé à l’est de l’embouchure du fleuve du Couesnon, dans le département de la Manche en Normandie, et dont le nom se réfère directement à l’archange saint Michel. Avant l’année 709, il était connu comme le « mont Tombe ». Pendant tout le Moyen Âge, il est couramment appelé « mont Saint-Michel au péril de la mer » (Mons Sancti Michaeli in periculo mari). L’abbaye du Mont-Saint-Michel est située sur le mont, et le mont constitue une petite partie du territoire de la commune du Mont-Saint-Michel.

Le Mont et l’eau semblaient jusqu’alors indissociables… avant la création de la digue route, achevée en 1878, on vivait au rythme des marées.

Se poser la question des rapports du Mont et de l’eau, c’est réfléchir à l’histoire même du sanctuaire, au choix de la montagne de l’archange Michel comme retraite et comme lieu de pèlerinage et à la symbolique qui en découle, aux relations entretenues par les Montois avec la mer au cours de leur histoire, à l’iconographie du rocher enfin qui a joué un rôle fondamental dans la construction de la légende du Mont…

Saint Michel et Saint Aubert, Legenda aurea (La Légende dorée)de Jacques de Voragine, dominicain et archevêque de Gênes, XIIIe siècle, Biblioteca Medicea Laurenziana, Florence. Italie. Premier ouvrage imprimé en langue française en 1476, à Lyon.

En son temps, nous vous avions parlé, dans cette même rubrique, « Lieux symboliques : les 7 sanctuaires à saint Michel et l’épée de l’archange » des différents sanctuaires de par le monde liés au culte de l’Archange.

Le millénaire du Mont est l’occasion de vous faire découvrir plus avant ce rocher occupé par des moines avant que la dévotion à l’archange apparaisse. La première église dédiée à l’archange saint Michel sur le Mont aurait été entreprise en 708 par Aubert, évêque d’Avranches, sous le règne du roi mérovingien Childebert III (695-711), un lointain descendant de Clovis.

Le Mont dans la brume.

Le texte de la Revelatio rappelle les circonstances légendaires de cette fondation : « Dans un temps, comme le prélat de la susdite ville d’Avranches s’était livré au sommeil, il fut averti par une révélation angélique de construire au sommet du lieu précité un édifice en l’honneur de l’archange, afin que celui dont la vénérable commémoration était célébrée au mont Gargan fût célébré avec non moins de ferveur au milieu de la mer. » Après avoir fait ce rêve à trois reprises, l’évêque gagne le mont pour y édifier un oratoire.

Ne sachant pas à quel endroit précis le construire, Aubert s’en remit à l’archange. Saint Michel lui affirma alors qu’il trouverait un taureau attaché en haut du rocher : l’église devait occuper l’aire foulée par l’animal.

Saint Aubert entreprit donc de bâtir une église d’une capacité d’une centaine de personnes. Elle fut consacrée le 16 octobre 709.

Aubert ne s’en tient pas à cette fondation. Il installa sur le mont douze religieux chargés du service divin et de l’accueil de ceux « qu’un amour ardent de la vertu emporte vers le ciel ».

Le Moyen Âge : Des temps tumultueux

L’abbaye du Mont Saint-Michel va devenir au fil des ans un lieu de culte, de prière et de pèlerinage. Les moines bénédictins, présents depuis 966 et qui ont traduit les textes d’Aristote, et les reliques de Saint-Michel, attirent les fidèles en quête de spiritualité. L’emplacement stratégique de l’abbaye en faisait également une cible. Les extensions apportées à l’abbaye sont couplées au renforcement des défenses de l’île. On peut voir les vestiges de la guerre de Cent Ans lors d’une visite. Et en 1204, l’abbaye est attaquée par des chevaliers bretons belliqueux agissant sous le commandement de Guy de Thouars.

L’abbaye et ses prisons

C’est sous le règne du roi Louis XI que le Mont Saint-Michel devient la version française d’Alcatraz. Transformé en centre de détention, il accueille des prisonniers jusqu’en 1860. La Révolution française a enfermé les dissidents dans des cellules situées dans l’abbaye. Lorsque la prison ferme un siècle plus tard suite à un décret impérial, les 650 prisonniers sont transférés sur le continent. Victor Hugo, grand amateur de l’abbaye, fut l’un des nombreux défenseurs de la fermeture de la prison.

Le Mont-Saint-Michel de nos jours

Pour faciliter l’accès des pèlerins, une route construite sur un remblai a été aménagée en 1879. En 1983, un projet de restauration de l’aspect maritime de l’île a été lancé. Cependant, ce projet est aujourd’hui sérieusement remis en question car il provoque l’accumulation de sable. Le parking a été supprimé et un accès construit sur des piliers a été aménagé, permettant ainsi aux eaux de la Manche de circuler librement. Quant à l’ancienne route, elle est progressivement érodée par l’arrivée des eaux.

Le défi du XXIe siècle est de continuer à assurer l’accès à l’abbaye pour les 3 500 000 visiteurs qui s’y rendent chaque année.

Et, pour mettre à toute polémique, le Mont-Saint-Michel est normand. Même s’il est vrai que le Mont-Saint-Michel a appartenu à la Bretagne pendant plusieurs années, il appartient à la Normandie sans partage depuis 1009 !

Le symbolisme du nombre 1000

Le nombre 1000 recèle un symbolisme profond, étroitement lié à celui des chiffres 0, 1, 10 et 100.

Par ailleurs, 1000 est un nombre composé du 0 et du 1, deux chiffres qui composent le premier “couple cosmique” : le zéro (0) peut représenter la volonté créatrice et le un (1) représente la manifestation, la réalisation.

Nombre globalisant, mille traduit l’idée d’éternité et évoque aussi bien la multitude (et la multiplication) que l’unité. Mais ce nombre est le plus souvent associé à la parousie, c’est-à-dire la seconde venue du Christ sur la Terre, à la fin des temps…

Sources : herodote.net-le média de l’histoire ; Pixabay ; Wikipédia ; Wikimedia Commons, Photos Yonnel Ghernaouti, YG ; Bridgemanimages.com ; jepense.org

Traversée de la baie.
Affiche métro parisien – avril 2023.

2 Commentaires

  1. Cher Totor,
    Vous avez entièrement rasion, c’est 8000 av. J.-C. que naît le Mont !
    “Il y a vingt mille ans, la Manche n’existait pas et on pouvait aller de la France à l’Angleterre… à pied ! À la
    fin de la période glaciaire, le niveau des océans augmente et la Normandie est maintenant au bord de
    l’eau. Un tremblement de terre, suivi, selon la légende, d’un raz-de-marée, provoque le détachement d’un gros bloc de roche qui deviendra le Mont-Saint-Michel !”
    (Source bien-dire n° 148)

  2. 1000 ans ? Je me mare ….
    Michel vient de Michael qui signifie “qui est comme Dieu”, C’est une transformation qui a eut pour but d’effacer les cultes précédants …
    Ce nom a été donné avec l’arrivée des moines à des sites ou existaient des lieux de cultes païens…..
    DONC la version actuelle de Saint Michel a vraisemblablement 1000 ans, mais le lieu était déjà sacré bien avant …….
    Et c’est valable pour TOUS les St Michel ! ! !

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Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti
Yonnel Ghernaouti, fut le directeur de la rédaction de 450.fm de sa création jusqu'en septembre 2024. Il est chroniqueur littéraire, membre du bureau de l'Institut Maçonnique de France, médiateur culturel au musée de la franc-maçonnerie et auteur de plusieurs ouvrages maçonniques. Il contribue à des revues telles que « La Chaîne d’Union » du Grand Orient de France, « Chemins de traverse » de la Fédération française de l’Ordre Mixte International Le Droit Humain, et « Le Compagnonnage » de l’Union Compagnonnique. Il a également été commissaire général des Estivales Maçonniques en Pays de Luchon, qu'il a initiées.

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