ven 22 novembre 2024 - 14:11

Italie : La Franc-maçonnerie, le bouc émissaire habituel

De notre confrère italien nuovogiornalenazionale.com

Après la capture du patron de la mafia, Matteo Messina Denaro, la Franc-maçonnerie est à nouveau dénoncée en termes négatifs. Son rôle « présumé » dans les dissimulations données au patron de la mafia a même été amplifié. Précisément dans la description de l’inaction du patron de la mafia, l’anti-franc-maçonnerie ressurgit, comme par le passé, qui tente toujours de construire une image négative et complotiste de la Franc-maçonnerie. Malheureusement, au fil des ans, mille exemples peuvent être donnés de ce que l’antimaçonnisme a produit, en préfigurant la franc-maçonnerie comme une association dangereuse. Ainsi, il n’a fait que dénigrer l’institution maçonnique.

La Franc-maçonnerie, malheureusement, a toujours été l’objet des préjugés les plus résistants et les plus nuisibles [1] à tel point que, chaque fois qu’une association secrète aux fins illicites est découverte, elle est immédiatement définie comme une association maçonnique. L’interprétation de la réalité maçonnique est fortement conditionnée par des croyances a priori que nous nions souvent avoir, et dont nous ne savons pas non plus comment elles se sont formées.  

Il y a quelques années, j’ai travaillé avec d’autres représentants importants de différentes obédiences, pour arriver à définir un règlement qui établissait quelles étaient les conditions et les règles à suivre pour être considéré comme une loge maçonnique légitime. Il s’agissait d’éviter que toutes les loges soient considérées comme appartenant à la franc-maçonnerie, même celles établies pour d’autres objectifs et donc sans aucune prérogative de la franc-maçonnerie.   

Cela dit, je voudrais clarifier et expliquer ce qu’est vraiment la franc-maçonnerie. On peut dire que c’est une institution d’hommes libres de pensée et d’action, et donc de choix. Bien qu’elle ait contribué au progrès et à la connaissance au cours des siècles et qu’elle ait formé des hommes du plus haut profil éthique et moral, dont l’œuvre a marqué l’évolution positive et démocratique des institutions du monde entier, elle a en tout cas été combattue par les absolutistes et dogmatiques à la fois ecclésiastique et politique. L’histoire et la fonction de la franc-maçonnerie ont toujours été un lieu de science où des hommes courageux ont su lutter contre la tyrannie et les dogmes. Dans la voie opérationnelle des maçons, il est enseigné de pouvoir avoir le sens de la mesure comme concept de connaissance et de maîtrise de tous les sens, et surtout d’eux-mêmes. Mais c’est un chemin graduel qui vous fait acquérir la connaissance et la conscience des étapes qui sont franchies dans le bon sens et dans la bonne mesure. Ainsi, le sens de la justice appliqué à soi-même et aux relations avec les autres est de plus en plus consolidé. Nous ne nous engageons pas à entreprendre ce chemin pour recevoir des avantages, mais nous nous engageons à prendre soin de nous au quotidien, afin d’établir un lien solide avec notre propre intériorité et nous vivrons cette amélioration personnelle, pour servir la Vérité, la Justice et la Liberté pour le progrès du pays et de l’humanité. Le franc-maçon est contre toute forme de tyrannie ou d’obscurantisme, quelle que soit la façon dont ils se manifestent et oppriment la personnalité humaine. Nous pouvons en déduire que la franc-maçonnerie a toujours lutté contre l’absolutisme, le dogmatisme, la règle, l’exploitation et l’imposition. La franc-maçonnerie d’aujourd’hui, comme d’hier, a encore un rôle fondamental dans l’orientation des individus et doit se revisiter pour retrouver le sens de la vie. Il faut récupérer la grande œuvre de la franc-maçonnerie, qui a produit la démocratie, la liberté de pensée et d’action, la liberté d’association dans le monde, grâce aussi à l’activité et à l’engagement de ses martyrs. Si cela a été fait dans le passé et que de l’obscurantisme nous sommes arrivés aux Lumières, nous pouvons continuer à le faire encore aujourd’hui.  Personne ne peut croire que c’est facile et immédiat, mais nous devons essayer de restaurer un nouveau modèle de vie et de continuer le travail pour grâce aussi à l’activité et à l’engagement de ses martyrs, démocratie, liberté de pensée et d’action, liberté d’association. Si cela a été fait dans le passé et que de l’obscurantisme nous sommes arrivés aux Lumières, nous pouvons continuer à le faire encore aujourd’hui. Personne ne peut croire que c’est facile et immédiat, mais nous devons essayer de restaurer un nouveau modèle de vie et de continuer le travail pour construire des temples à la vertu et des prisons au vice, pour le bien du pays et de l’humanité.

Dans un article précédent, j’ai rappelé la fonction importante d’un Ordre, “Le Droit Humain”, qui dans ses cent trente ans d’histoire a lutté pour l’émancipation des femmes et des hommes et a obtenu de grands résultats. Je veux maintenant expliquer que la franc-maçonnerie a énormément contribué à soutenir l’égalité des citoyens, au-delà de leurs propres conditions et affiliations et à soutenir ces principes dans la constitution des États libéraux et démocratiques. Ce rôle ne peut être remis en question et je soutiens qu’il peut le faire même aujourd’hui, où bon nombre de ces principes ont été violés. La franc-maçonnerie, en effet, précisément à cause de son ADN, laisse la liberté de pensée et rend le raisonnement pluriel, où chacun avec son propre cerveau et capacité peut contribuer. N’accepte pas les dogmes, d’où qu’ils viennent, et tout en reconnaissant qu’il existe de nombreuses vérités relatives, chacun est libre de les exprimer, mais cela ne peut se faire en concurrence avec les autres. Ainsi, la vérité qui vient à être connue est une vérité valable pour chaque temps, chaque lieu, et s’adapte à chaque culture et à chaque type de société. Ce n’est qu’ainsi que l’homme peut vraiment espérer se dépasser. C’est-à-dire les limites de son individualité. En ce sens, il faut toujours rappeler que la franc-maçonnerie est porteuse de valeurs telles que la tolérance et la solidarité qui doivent construire une société plus juste, qui élimine les divisions, efface tous les privilèges et l’hostilité de race, de caste, de religion[2] et de nation. Tout cela pour trouver, tous ensemble, une nouvelle réalité dans laquelle la liberté, la justice, la fraternité, l’égalité [3] et l’amour règnent à nouveau. 

En des temps sombres, comme ceux que nous vivons, si vous voulez donner un réel espoir aux gens, vous devez vous conformer à ces principes maçonniques. Nous sommes confrontés à la nécessité de nous référer à des valeurs, de repenser les raisons de notre existence, tant individuellement que collectivement, précisément en cette période de perplexité et d’incertitude inquiétante.

Dans les temps anciens, on croyait que les valeurs éthiques devaient être enseignées et pratiquées à l’homme et pour cette raison, de nombreux philosophes se sont consacrés à l’étude des différentes essences de la vie humaine. Malheureusement, la course au bien-être, à la richesse, à l’individualisme, à l’utilisation de la nature de manière déformée a accentué la perte des valeurs et des références morales et avec la circonstance aggravante qu’il n’y a plus beaucoup de philosophes, qui par le passé étaient gardiens de la connaissance humaine et qui, avec leur sagesse, ont influencé l’avenir.

En ces jours terribles que nous traversons, des signes inquiétants avancent annonçant une chute progressive dans un chaos apparemment imparable. La franc-maçonnerie peut être, même dans ces moments difficiles de la vie humaine, une ancre de salut et de changement. Et pour ce faire, elle doit aussi adapter sa fonction aux temps sombres en termes de valeurs, pour faire advenir une nouvelle ère de “l’illumination”. Elle a toujours soutenu le progrès sous toutes ses formes, et par un travail lent et fatigant elle doit reprendre sa fonction, redonner espoir à l’humanité, avec l’exemple et l’union de ses énergies, c’est-à-dire des personnes justes et libres, pour faire réfléchir.

[1] Le mot “préjugé” désigne une formulation d’un jugement a priori sur des personnes ou des situations qui s’élabore avant de connaître la réalité ou sans interpréter correctement la réalité. Un préjugé qui ne découle donc pas du contexte de la situation réelle, mais découle de croyances traditionnelles ou communes, de l’inertie de l’esprit ou de positions défensives.

[2] Certaines de ces valeurs sont contenues dans notre Constitution

[3] Liberté, Egalité et Fraternité ne sont pas seulement la devise de la Révolution française mais aussi les valeurs sur lesquelles l’Europe s’est construite, celles du Bien-être et pas seulement de l’économie de marché et de la finance d’aujourd’hui.

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