De notre confrère italien expartibus.it
« Conscients de la souffrance créée par le fanatisme et l’intolérance, nous sommes déterminés à ne pas idolâtrer ou tenir pour contraignante aucune doctrine, théorie ou idéologie, pas même celles bouddhistes (…)
Nous comprenons que le fanatisme sous ses multiples formes est le résultat d’une perception dualiste et discriminante des choses.
Nous nous entraînerons à tout regarder avec ouverture et avec la vision profonde de l’intérêt, pour transformer le dogmatisme et la violence en nous-mêmes et dans le monde. »
Thich Nhất Hạnh
La franc-maçonnerie est en crise, en Italie et dans le monde. Pas seulement au niveau numérique, et pas tant pour le contenu, pour la sagesse ou le potentiel ésotérique, mais pour la sclérose historique.
Pour dériver du service de club ou, pire, “politique“, un phénomène dégénératif typiquement italien. Pour un engagement individuel et collectif de plus en plus édulcoré, ou comme on dit, à l’eau de rose. Tout cela bien sûr, à l’exception de quelques îles heureuses « inégales », composées d’uniques loges ou d’uniques Communions.
Selon mon expérience personnelle et ma vision, la franc-maçonnerie s’est progressivement vidée de ses contenus initiatiques et s’est peu à peu encombrée de dogmatisme, de bureaucratisation et de narcissisme vide, se vissant dans une phase de décadence.
Pourtant, entre la fin du XVIIe siècle et les premières années du XVIIIe siècle, en Europe, la énième épiphanie de la philosophie éternelle a explosé dans un feu de lumière. Une saison faste et pétillante, en plus d’être créatif et innovant.
Gnostiques, Rosicruciens, Kabbalistes, Hermétistes ont alors, en fait, forgé, insufflé l’âme de la Franc-maçonnerie. Echanges libres, comparaisons, expérimentations, fraternité universelle, un creuset de plomb fondu transformé en lingots d’or philosophal, dont nous pouvons encore aujourd’hui profiter de la richesse.
Maintenant, l’eau semble de plus en plus stagnante. Le feu de la révélation qui s’est condensé et concrétisé, jusqu’au début du XIXe siècle, dans la formulation de nos Rituels, n’alimente plus aujourd’hui de nouvelles recherches de méthodes et de langages adaptés à l’époque dans laquelle nous vivons.
Temps terribles de guerres et de menaces nucléaires, de pandémies, de transformations technologiques tourbillonnantes et de risques climatiques très lourds qui nécessitent des modèles nouveaux et inédits, conçus ad hoc sur la complexité de la situation.
Les mêmes concepts et symboles sacrés pour nous tels que le trinôme Liberté, Égalité et Fraternité, pour ne donner qu’un exemple, attendent un réajustement interprétatif qui mette l’accent sur le concept initiatique de l’Adam Kadmon Universel.
Nous ne pouvons et ne devons pas nous sauver nous-mêmes. Aucun homme n’est une île.
Ce n’est pas un hasard si le Bouddhisme, en particulier celui du Mahāyāna, exalte la figure du Bodhisattva, un être engagé à atteindre l’Illumination et qui, par “compassion“, décide de reporter son entrée au Nirvana, jusqu’à ce que toutes les créatures sensibles aient atteint son propre état d’éveil.
Sur le plan existentiel, les paroles de Sénèque qui sonnent ante litteram maçonnique s’appliquent :
Notre société ressemble beaucoup à une voûte de pierres : elle tomberait si les pierres ne se soutenaient pas.
Dans ce contexte, beaucoup, trop de Tableaux de loge ou de discours flous et dépourvus de logique formative, ou à la limite de dynamiques agressives, prennent la place de la pensée vivante, constructive, conçue et élaborée dans le hic et nunc de l’égrégore pour comprendre et diffuser la Lumière dans le monde contemporain.
Les miennes sont forcément des généralisations, bien sûr, qui ne tiennent pas compte du magnifique travail de petits groupes, d’heureuses avant-gardes, mais parfois, croyez-moi, le récit nouvellement développé est bien moins mortifiant et gênant que la réalité que j’ai vécue. directement à travers des expériences longues et variées en plus de quarante ans de participation à diverses Obédiences.
Si la Franc-Maçonnerie ne veut pas s’évaporer en tant qu’institution initiatique historique et historicisée, comme cela s’est déjà produit par le passé pour les Mystères égyptiens, les Mystères d’Eleusis, pour l’École pythagoricienne, qui n’ont pourtant cessé de refaire surface sous de nouvelles formes et modalités, pour relancer leur rôle dans le présent – futur, il doit nécessairement abandonner son narcissisme et évoluer.
Les Sœurs et Frères qui me connaissent personnellement savent à quel point je suis attaché au modèle de la « chère vieille franc-maçonnerie ». Mais ils savent aussi combien je soutiens qu’il faut aujourd’hui entreprendre ou du moins compléter et intégrer des recherches classiques, faites de symbole et de rituel, qui remplissent en tout cas une fonction formatrice méritoire, avec des expérimentations menées à travers des outils opératoires nouveaux et anciens : méditations, théurgie, pratiques telles que la concentration, la respiration, l’imagination active, les modulations sonores, l’utilisation de couleurs et de parfums sacrés et magiques, au sens le plus élevé de la “Science des Mages“.
Ce ne sont pas des fantasmes du nouvel âge ou des pires opérations du pire occultisme, mais des enseignements qui ont toujours été présents, traçables dans le passé dans les Mystères sacrés de l’Égypte, dans le Corpus Hermeticum, dans les écrits de Giordano Bruno, dans la Kabbale occidentale, y compris la chrétienne, hier dans les œuvres de Gurdjieff, de Dion Fortune, de Robert Ambelain, de Massimo Scaligero, de Francesco Brunelli, de Sebastiano Caracciolo et aujourd’hui dans les travaux de recherche, menés, par exemple, en Italie par le frère Hermeticus ou dans France par Rémi Boyer, le plus important métaphysicien contemporain qui, au hasard, il a signé la préface du livre d’Hermeticus ‘ Les Dix Portes ‘ .
Que le Sublime Architecte de tous les Mondes nous éclaire et nous guide !