Le bonheur est un des objectifs du travail maçonnique ! On l’oublie souvent et c’est dommage ! Ce devrait être la préoccupation principale des officiers et aussi des conseillers de l’ordre des obédiences !
Au Droit Humain, la quête du Bonheur est même inscrite dans la constitution dans son article 3 :
« Les membres de l’Ordre Maçonnique Mixte Internationale le Droit Humain cherchent avant tout à réaliser sur la terre et pour tous les humains le maximum de développement moral, intellectuel, et spirituel, condition première du bonheur qu’il est possible à chaque individu d’atteindre dans une humanité fraternellement organisée ».
On le retrouve aussi dans la déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique, dont on connaît l’inspiration maçonnique, cette référence au Bonheur comme un droit :
« Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits, se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. »
Cette recherche du bonheur terrestre peut s’interpréter comme une des différences majeures qui nous distingue de la démarche religieuse et du mysticisme. Pour les religieux et les mystiques seul compte la recherche du bonheur céleste ; pour eux, l’accès au paradis et la béatitude qui l’accompagnent, justifient une vie terrestre axée sur le sacrifice, les devoirs et la souffrance. Rien de tout cela dans la démarche maçonnique.
Bonheur : Etat durable de plénitude et de satisfaction, état agréable et équilibré de l'esprit et du corps, d'où la souffrance, l'inquiétude et le trouble sont absents.
Bien sûr, il ne faut pas confondre Bonheur et Plaisir ; il y a de nombreuses occasions de ressentir du plaisir en loge, mais le bonheur c’est autre chose !
Le plaisir, c’est avant tout un ressenti personnel d’ordre physiologique par la satisfaction d’un ou de plusieurs de nos sens, alors que le bonheur introduit une synergie corps-esprit, en dehors de la mise en jeu de nos sens.
Certains psychanalystes associent Bonheur et Désir. La satisfaction du désir engendrerait le ressenti du bonheur.
Contrairement à un idéal, qui se définit à partir d’un contenu parfois très exigeant, le bonheur est peu exigeant à la condition de savoir apprécier cet “état équilibré de l’esprit et du corps” ; cela peut se résumer à un sourire et on comprend que les smileys soient souvent utilisés pour illustrer la sensation de bonheur.
Le bonheur en loge est la conséquence d’une interaction entre deux composantes :
- L’être humain, (le franc-maçon), tel qu’il est,
- Et le groupe humain, la loge maçonnique, dans lequel il e se trouve.
Pour ressentir ce « Bonheur », plusieurs conditions sont nécessaires ; on distinguera :
- Les conditions propres à l’être humain, maçon, placé dans cette situation de participer à une réunion maçonnique,
- Et celles qui proviennent de la loge concernée.
Les conditions propres à l’être humain, franc-maçon
Pour ce qui concerne le franc-maçon, trois éléments méritent d’être réunis, pour pouvoir éprouver ce sentiment au cours des travaux d’une loge maçonnique :
- Ne pas être préoccupé ; c’est une condition extrêmement difficile à réaliser tant l’être humain vit sous la pression continuelle de multiples préoccupations ; et chacun sait que la vie contemporaine en a surajouté de nombreuses ! Pourtant, il faut absolument obtenir cet abandon des idées parasites avant d’entrer en loge ; le rituel évoque d’ailleurs « l’abandon des métaux à la porte du temple ! » . On peut inclure les préoccupations dans la catégorie des « métaux ». Pour ne pas être préoccupé, un travail personnel associant relaxation, respiration et méditation, semble aujourd’hui la meilleure méthode à conseiller.
- Etre en capacité d’écoute : La capacité d’écoute suppose, bien sûr, conscience et vigilance ; elle va de pair avec une prise de parole responsable et réfléchie qui doit rester exceptionnelle !
- Comprendre le fonctionnement du groupe humain de la loge concernée. Cela devrait être naturel pour les membres de la loge mais en fait, c’est souvent difficile car la capacité de prendre du recul n’est pas évidente ! Tout groupe humain a des codes. Une loge maçonnique a deux sortes de codes : ceux de l’obédience à laquelle elle est rattachée et ceux qui lui sont propres. Connaître les codes et les utiliser facilite la communication et en ce sens, c’est un atout appréciable ! C’est peut-être ce qui explique le rapport entre Bonheur et Connaissance (cf le schéma – Lire l’article).
Les conditions propres à la loge concernée
La loge concernée est en situation de pouvoir favoriser le bonheur d’être en loge, à condition de réunir trois éléments :
- Une bonne maîtrise du rituel et de l’ordre du jour de la part du vénérable et des officiers : il s’agit de favoriser la mise en valeur des moments forts du rituel en évitant les « ratés » des cafouillages possibles. De même, un ordre du jour équilibré avec différents types de planches est un excellent moyen de soutenir l’attention. On associera à cette condition, l’influence que peut avoir la cadre du temple et sa décoration.
- L’absence de conflits entre les membres de la loge : le moindre conflit peut avoir une influence délétère qui se répercutera inévitablement à un moment ou à un autre et souvent quand on s’y attend le moins !
- Un ordre du jour « harmonieux », avec une ou deux planches particulièrement bien « polies » qui peuvent permettre d’exprimer l’authenticité des émotions.
Lorsque toutes ces différentes conditions sont réunies, il est possible de se sentir heureux en loge lors d’une tenue maçonnique.
Chacun décrira ce bonheur ressenti avec des mots personnels mais, il me semble que l’on pourrait retrouver trois points communs soit isolément soit concomitamment :
– La satisfaction de partager des valeurs morales qui irradient les sœurs et les frères aussi bien dans leurs personnalités que dans leurs prises de parole,
– Le ressenti d’une paix au travers d’un ou des moments de concentration et de recueillement que recèle le rituel,
– Le curieux sentiment d’apprendre et de comprendre une partie des mystères de la vie.
Globalement, ce sentiment de bonheur se rapproche d’une sérénité ressentie dans une ambiance collective calme et bienveillante. Ce bonheur ressenti est d’abord un sentiment personnel et n’est pas forcément partagé par tous.
Certains parlent parfois d’égrégore mais le terme est sujet à caution, car il désigne une « béatitude » conditionnée par une «dépersonnalisation » consécutive à la mise en condition provoquée par la pratique rituélique ; ce n’est pas une spécificité maçonnique. Contrairement au bonheur ressenti, l’égrégore, quand il existe, est un sentiment largement partagé par le groupe.
Le bonheur en loge doit être vécu en pleine conscience ; ce n’est ni un plaisir ni une jouissance.
C’est un sentiment particulier qui persiste dans la mémoire après que l’on a quitté le temple pour retrouver son quotidien. Il nous permet bien sûr de donner du crédit à notre démarche maçonnique. Ne pas le connaître, favorise le détachement voire la démission. Il faut aussi être conscient que ce bonheur ressenti suppose d’accepter le silence sur un certain nombre d’imperfections que recèlent une communauté d’humains !
En dehors de la démarche maçonnique, rappelons que la notion de bonheur est un critère de qualité de vie :
- il existe un indice du bonheur mondial : (lire un développement)
- de nombreux quizz permettent de savoir si vous êtes heureux ( En voici un)
- Un article de la revue Psychanalyse “Attention Bonheur !“
Le bonheur, ou plutôt la recherche du bonheur est une petite préoccupation infantile et égoïste (ou égotiste) et propre à permettre à Lenoir et Mathieu Ricard de répandre leur ouvrages moraline gnagnan. (ces deux personnes très respectables au demeurant). Comment se satisfaire de l’effroyable malheur dans le monde, et se préoccuper de chercher son p’tit bonheur ? Que les SS du DH s’interresent au destin des femmes d’Afghanistan dans les mois à venir…
Seul la compréhension du monde peut apporter un peu de sérénité au sens spinozien comme le dit Solange.
Il ne faut pas mélanger les genres mais votre préoccupation est légitime mais on est sur des plans différents qui ne sont pas incompatibles.
http://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2014-2-page-237.htm et http://www.lafrancmaconnerieaucoeur.com/2020/06/spinoza-la-tristesse-et-la-joie.html
Le bonheur ou plutôt la joie (au sens de Spinoza : et ) en Franc-maçonnerie ne dépend pas que des rapports entre les membres de la Loge. Heureusement !
Spinoza a-t-il eu une influence sur le fonctionnement de la loge maçonnique ? A priori, sauf erreur de ma part, aucun élément bibliographique ne le confirme !
Je ne confondrai pas Joie et Bonheur ! La Joie nous renvoie à des sources bibliques (c’est aussi la démarche spinozienne) ! Le bonheur est plus prosaïque mais correspond à un vécu !