jeu 28 mars 2024 - 18:03

Croire : La croyance fait exister les choses

Croire (du latin credere, confier en prêt, avoir confiance, admettre pour vrai)

Croyance : le fait de croire une chose vraie, vraisemblable ou possible.

La croyance fait exister les choses.

Croire est un élément de la condition humaine : l’Homme nait sur terre, ne sachant rien sur l’univers, qui l’a crée, qui a créé le créateur ? Et il se pose la quadrilogie questionnante : Qui suis-je ? D’où viens-je ? Où vais-je ? Pourquoi suis-je là ? Il est obligé de croire ce qu’il voit, qui n’est pas forcément le réel mais une réalité (ou un rêve ?) que son cerveau fabrique. C’est le « pourquoi » qui crée sa curiosité et son désir de vivre Cette curiosité le maintien en vie : il « persévère ainsi dans son être » jusqu’à sa mort.

Ce POURQUOI (question primordiale) provoque le « croire ». Doté de raison, d’intuition et d’imagination, privé de réponses, il est obligé de s’en fabriquer. Il a ainsi inventé des dieux puis Dieu. Il constate qu’il va mourir. D’où l’invention des religions, comme « consolatum ». Croire, c’est donc accepter de vivre dans un monde de fictions. Il s’imagine ses ancêtres, il doit accepter ce qui est dit d’eux. L’Homme est un roman vivant. Il croit être libre, mais…sa date de naissance est un hasard, il ne choisit pas son sexe et son nom est une attribution ! Croire, c’est donc subir ! Il est indépendant par nature, mais dépendant  par nécessité.

La croyance est ainsi liée à la fois, au passé, au présent, à l’avenir. Elle lui a fait inventé un calendrier, qui est une fiction. Avec un départ arbitraire (Jésus-Christ, dont l’existence est même contestée, avec des dates de naissance et de mort imprécises). La fiction, toujours, la croyance, encore !

La croyance n’est donc pas vérité ! Elle est une construction mentale qui peut évoluer selon le croyant, de la supposition à la conviction !

La FM est bâtie sur la fiction. Du temple de Salomon (qui n’existe que dans la Bible) à tous les personnages qui surgissent tout au long des rituels. C’est donc avec du mensonge que nous fabriquons de la vérité (les valeurs maçonniques). Avec la mort d’Hiram, les vrais mots de passe, partent avec lui dans la tombe. Salomon invente les mots substitués…auxquels sa cour est bien obligée de croire. Cette invention des mots substitués constitue donc un mensonge. Celui-ci est la métaphore même du mensonge dans la cité, où il est devenu une pratique nationale ! (Religion, politique, sport, etc).

Ainsi l’homme peut croire mais aussi, l’autre peut lui faire croire ! L’animal est programmé, il ne sait pas pourquoi il vit et il ne sait pas qu’il va mourir. L’Homme, lui, ne sait pas non plus pourquoi il vit, mais il sait qu’il va mourir, donc il vit en cherchant un sens à la vie et un sens à sa vie. La croyance lui est donc utile…pour survivre ! Il est probable que sans la croyance (aux constructions de son imagination) l’espèce humaine n’aurait pas survécu.

Comme l’Homme est à la fois poète et curieux, il a inventé un peuple fictif dans le ciel et partant, le récit, qui a donné un début à l’univers. Avec ce récit auquel son inconscient finit par croire, l’homme calme son angoisse existentielle. Ce qui lui permet de mieux supporter son destin.

Comme l’Homme est intelligent, il a aussi inventé la technique et la science, à la fois pour mieux vivre et mieux connaître son milieu ambiant. Mais au fur et à mesure que la science avance, le mystère de l’univers et celui de la vie reculent !

Il a tout de même découvert que la terre n’est pas au centre de l’univers (Copernic) qu’il est un animal comme les autres (Darwin) et qu’il n’est pas maître de sa personne (Freud). Il est obligé d’accepter à ces réalités. D’autant que lorsque les choses sont vérifiables…la croyance n’est plus nécessaire ! Il constate aussi qu’il est prisonnier de ses déterminismes (biologique, psychologique, social). Il est tenu de croire à ses évidences….

Alors, pour être heureux, il ne lui reste qu’à s’évader dans l’imaginaire ! Petit, il croit au père Noël et aux fantômes. Adulte devenu, il élargit son esprit avec le mythe, la légende, la science-fiction, le conte, le roman, le cinéma, le théâtre. Faire semblant, c’est déjà croire, c’est s’identifier, devenir un autre, c’est en éprouver la sensibilité. L’émotion est complice de la croyance ! Ainsi, croire peut être à la fois une souffrance et un plaisir !

3 Commentaires

  1. “Il a tout de même découvert […]qu’il n’est pas maître de sa personne (Freud)” C’est plutôt Spinoza !
    “Il constate aussi qu’il est prisonnier de ses déterminismes (biologique, psychologique, social).” et re !

  2. – Sigmund Freud n’a pas découvert l’inconscient mais l’a “théorisé” le premier ( les trois instances de l’appareil psychique : ça, moi, surmoi- 1923).
    – Le déterminisme spinozien suppose une causalité première.

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Gilbert Garibal
Gilbert Garibal
Gilbert Garibal, docteur en philosophie, psychosociologue et ancien psychanalyste en milieu hospitalier, est spécialisé dans l'écriture d'ouvrages pratiques sur le développement personnel, les faits de société et la franc-maçonnerie ( parus, entre autres, chez Marabout, Hachette, De Vecchi, Dangles, Dervy, Grancher, Numérilivre, Cosmogone), Il a écrit une trentaine d’ouvrages dont une quinzaine sur la franc-maçonnerie. Ses deux livres maçonniques récents sont : Une traversée de l’Art Royal ( Numérilivre - 2022) et La Franc-maçonnerie, une école de vie à découvrir (Cosmogone-2023).

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