mer 24 avril 2024 - 11:04

HIRAM, bon maître ou tyran?

Il est intéressant d’observer le mythe d’Hiram avec l’esprit critique et le doute, deux outils dont le maçon ne se sert pas assez, allant volontiers vers la morale… qui n’est que le mode de fonctionnement « arrangeant » une société donnée. Pour les nazis, le racisme génétique était une morale !

   Dès lors, il est aussi possible de voir en Hiram (à la manière d’un avocat de la défense des trois « mauvais compagnons ») un personnage asservi, tyrannique, aveuglé par sa dévotion à Salomon (Roi frivole et dispendieux, ne l’oublions pas !) qui a fait travailler des milliers d’esclaves (que l’histoire soit vraie ou fausse, mais bien inscrite dans la Bible) pour construire un temple insolent de richesses. Et partant, injurieux pour ces ouvriers pauvrement rémunérés. Dès lors – poursuit l ‘avocat du Diable – il n’est pas étonnant, et pourquoi pas « compréhensible » que les trois ouvriers, exaspérés, cherchent à gagner davantage en se révoltant contre leur maître !

   Une thèse provocatrice qui serait aujourd’hui défendue par les syndicats ! Reste bien sûr le meurtre à l’évidence inexcusable, impardonnable, c’est à dire le droit de tuer que se sont arrogé ces trois assassins. La défense répondra ici que la précarité (qui engendre la jalousie, ce cancer psychique) peut également déclencher une folie meurtrière, elle-même à prendre en compte, quand la faculté de discernement de l’individu humilié est abolie.

   Le peuple n’a pas fait mieux en 1789, en faisant décapiter le roi Louis XVI et sa femme, qui avaient tenté de fuir par “la porte de l’est de la France” (une autre version du meurtre d’Hiram, en somme !). Ce roi et Le Nôtre, son paysagiste, n’étaient-ils pas coupables d’avoir construit le Château de Versailles, son Trianon et ses jardins fastueux…pendant que le peuple crevait de faim ?!! Victor Hugo en a très bien parlé !

  Bref, tout est dans tout et son contraire ! Les métaphores, mythes et légendes ne sont vraiment “productives” de justes transpositions que lorsqu’elles sont étudiées, au moins sous les deux aspects qu’elles contiennent toujours, le Bien et le Mal. Comme les deux côtés d’une carte à jouer ou d’une pièce de monnaie. L’envers et l’avers, le côté pile et le côté face, constituent la même carte et la même pièce !

   Qui a un jour été juré auprès d’une Cour d’assises a immédiatement conscience de la responsabilité qu’elle implique.  Il est bon de toujours de suspendre, c’est à dire retarder notre jugement, pour réfléchir au « pour et au contre » en toute chose, avant de se prononcer ! La vérité n’est pas de ce monde…même pas en franc-maçonnerie !

    Le doute est la certitude du franc-maçon, de la franc-maçonne.

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Gilbert Garibal
Gilbert Garibal
Gilbert Garibal, docteur en philosophie, psychosociologue et ancien psychanalyste en milieu hospitalier, est spécialisé dans l'écriture d'ouvrages pratiques sur le développement personnel, les faits de société et la franc-maçonnerie ( parus, entre autres, chez Marabout, Hachette, De Vecchi, Dangles, Dervy, Grancher, Numérilivre, Cosmogone), Il a écrit une trentaine d’ouvrages dont une quinzaine sur la franc-maçonnerie. Ses deux livres maçonniques récents sont : Une traversée de l’Art Royal ( Numérilivre - 2022) et La Franc-maçonnerie, une école de vie à découvrir (Cosmogone-2023).

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