sam 20 avril 2024 - 11:04

Parlons d’amour

J’étais en Loge hier soir. Enfin ! Depuis mars que j’attendais de pouvoir réécrire ces mots simples par lesquels je commençais mes billets. C’était l’idée de base que j’avais trouvée pour éviter l’angoisse de la page blanche. Ah Seigneur mon Dieu, que j’ai attendu le moment de pouvoir y aller et en revenir. Une joie simple dont j’ai été privé, comme beaucoup, par le trait de plume de bureaucrates inconséquents, nous faisant payer le prix de leur incurie et de leur cynisme. Et à l’heure à laquelle j’écris ces lignes, je ne suis pas sûr de pouvoir retrouver mes Frères de Loge le soir. J’ai plutôt peur que nous ne retombions dans la situation de mai, au nom du Bien et de la sacro-sainte Santé Publique décrétée par ces technocrates moins capables de gérer un stock stratégique que le chat de ma sœur ses croquettes ! Mais je m’égare.

Donc, en rentrant chez moi, masqué comme de bien entendu par ces temps de pandémie, j’ai croisé un jeune couple, visiblement très amoureux. Ces jeunes gens rejouaient dans les couloirs du métro le Baiser de l’Hôtel de Ville, de Doisneau ou le Kissing the War good bye de Jorgensen. Et, chose terrifiante, ils avaient retiré leurs masques et ne respectaient pas les sacro-saints gestes barrières ! Horreur ? En fait, non, j’ai plutôt été heureux de voir ce jeune couple qui manifestait son amour, sans souci du qu’en dira-t-on ou des règles hygiénistes qu’on nous impose au nom de la crise sanitaire. Au risque d’écrire des banalités et des phrases toutes faites, ces jeunes gens nous montrent qu’en dépit des règles toujours plus absurdes que nous acceptons du fait de notre sidération, celle-là même qui nous plonge dans un état de servitude volontaire, l’Amour reste le plus fort. La vie aussi.

A propos de vie, je ne partage pas tout à fait les récents propos de Nicolas Bedos, sur le fait de retirer les masques et de faire n’importe quoi. Néanmoins, beaucoup de nos libertés nous ont été volées ces derniers temps, et ça continue. Un couvre-feu se profile dans le Sud de la France, les bars, restaurants et salles de sport vont devoir fermer en région parisienne, les fêtes et rassemblement sont interdits (d’ailleurs, ce serait un bon moment de faire passer des réformes impopulaires puisque personne ne manifesterait… Comment ça, je fais du mauvais esprit?). Par contre, on doit continuer de prendre les transports et aller bosser. Car le virus a la sociologie d’un bobo fêtard à la Nicolas Bedos : il se propage dans les bars branchés, les théâtres et cinéma, mais pas dans les transports, ni dans les bureaux. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Sapristi, je m’égare encore !

Pour en revenir à Nicolas Bedos qui appelle à la révolte et au retrait des masques, en bon Franc-maçon loyaliste que je suis, je ne partage pas tout, évidemment, sauf l’appel à vivre. Comme le disait Prévert, « vivre, c’est risquer de mourir ». Alors, si rester en vie est une chose, être vivant en est une autre. Et j’aimerais bien vivre, sans qu’on m’emmerde toutes les cinq minutes à me dire quoi faire, ou me faire contrôler mes « indicateurs de santé ». Et accessoirement, j’aimerais aussi qu’on me laisse respirer. Protéger les personnes les plus fragiles est un devoir, c’est indiscutable. Mais s’empêcher de vivre, c’est beaucoup plus discutable.

Beaucoup trop de nos libertés ont été concédées à l’incompétence de nos dirigeants, on le sait tous. Et on sait que les mesures d’exception ont tendance à être inscrites dans le droit commun. Il va falloir être vigilants, une fois encore. Et trouver des méthodes plus efficaces (et pacifiques) que la manifestation.

En attendant, je me demande ce que ma génération, déjà sacrifiée sur l’autel des crises diverses et à cette abomination qu’est le néolibéralisme dira à l’actuelle jeune génération qui devra supporter les conséquences des fautes des dirigeants d’avant : la crise climatique, l’idéal républicain mis à mal au nom de la rentabilité et des conflits d’intérêt, les services publics anéantis, les dispositions de l’état d’urgence, et bien sûr, cette privation de liberté de 2020, qui a anéanti des vies pour sauver un indicateur statistique de santé publique. Malgré ça, ce jeune couple qui s’aimait me donne encore un peu de foi et d’espérance…

A propos d’amour, puisque nous avons un Haut Commissaire au Plan, chargé de réfléchir à la France du futur, j’aurais peut-être une ou deux idées à lui proposer, à peu de frais puisqu’il suffit de marcher. Comme par exemple, rouvrir des accueils de jour pour marginaux ou permettre à chacun d’avoir un logement décent plutôt que dormir dans la rue en 2020. Et qu’on ne vienne pas me dire qu’il n’y a pas d’argent magique : l’État a débloqué des milliards d’Euros d’argent public pour sauver des industries déjà moribondes. Au point où on est, il ne devrait pas être trop compliqué de créer des logements. A moins que ce ne soit un choix que de laisser des personnes à la rue. Dans ce cas, autant retirer le terme de Fraternité de nos bâtiments et de notre devise.

Que l’Amour règne parmi les Hommes.

J’ai dit.

1 COMMENTAIRE

  1. Contrairement à toi je partage tout à fait ce que dit Nicolas Bedos. Pour la fin de ton texte, si je puis me permettre mon Frère, retirer le mot Fraternité du fronton de nos mairies et de notre devise ne serait qu’un tiers de ce qu’il faudrait faire… Les vocables Liberté et Egalité sont aussi le nez dans le ruisseau…c’set la faute à…

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Josselin
Josselin
Josselin Morand est ingénieur de formation et titulaire d’un diplôme de 3e cycle en sciences physiques, disciplines auxquelles il a contribué par des publications académiques. Il est également pratiquant avancé d’arts martiaux. Après une reprise d’études en 2016-2017, il obtient le diplôme d’éthique d’une université parisienne. Dans la vie profane, il occupe une place de fonctionnaire dans une collectivité territoriale. Très impliqué dans les initiatives à vocations culturelle et sociale, il a participé à différentes actions (think tank, universités populaires) et contribué à différents médias maçonniques (Critica Masonica, Franc-maçonnerie Magazine). Enfin, il est l’auteur de deux essais : L’éthique en Franc-maçonnerie (Numérilivre-Editions des Bords de Seine) et Ethique et Athéisme - Construction d'une morale sans dieux (Editions Numérilivre).
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