ven 19 avril 2024 - 20:04

Sur les ruines du catholicisme – L’avenir du spiritualisme

Nous avons eu l’occasion à plusieurs reprises, notamment  dans la revue Critica masonica (numéro 13, à paraître février 2019), sur le blog éponyme http://criticamasonica.over-blog.com, sur le site Fragments  sur les temps présent https://tempspresents.com de démontrer que l’Eglise catholique française se mourrait à petits feux. On nous permettra d’expliciter cette affirmation quo peut sembler étonnante par une petite démonstration mathématiquement simplissime. On compte aujourd’hui environ en France 11.700 prêtres en France, dont la moitié est âgée de plus de 75 ans et est considérée comme étant à la retraite.  Quelque 800 de ces prélats disparaissent chaque année, alors que moins d’une centaine sort des séminaires. Le différentiel, la perte, sont donc, à peu de chose près, de 700 par année, ce qui nous  donne les prévisions suivantes, de cinq ans en cinq ans : 2024 : 7.700 prêtres ; 2029 : 4300 ; 2024 : 800.  A une ou deux années près, la messe sera définitivement dite dans une quinzaine d’années, autant dire demain.

A l’échelle d’une demi-génération, c’en sera donc fini d’un catholicisme structuré sur un clergé verticalisé, sachant que les effectifs des moines non prêtres et des religieuses suivent la même pente descendante. Une telle constatation que nous avons martelée ad nauseam pour certains sceptiques, n’a été reprise ni par les milieux religieux, ni par les publications rationalistes et athées. N’en tirons aucune acrimonie, l’histoire quasi immédiate tranchera.

Cela pose en tout état de cause une question qui nous semble mériter d’être étudiée, celle du paysage post-religieux en voie de construction. L’athéisme progresse imperturbablement en  France et  dans d’autres pays européens, mais il le fait moins vite que ne s’écroulent le catholicisme, le luthériano-calviniste et le judaïsme libéral à dominante ashkénaze. Seuls sont en relatif maintien l’islam et le protestantisme évangéliste qui touchent principalement les milieux les plus populaires.

Pour ce qui tient à la masse de celles et ceux dont les parents étaient souvent  de culture catholique, protestante ou juive, une bonne partie ne pourra donc pas  être considérée comme athée. Dans le continent qui va de l’agnosticisme à une vague croyance, un boulevard nous semble en conséquence ouvert pour des formes variées de spiritualisme, dont une partie de la franc-maçonnerie à la française est porteuse, qu’elle travaille au REAA, au RER, au Rite émulation ou à l’une des variantes de la mouvance dite égyptienne.

Dans un paysage que nous poserons comme post-religieux, la concurrence promet d’être vive. De plus, une caractéristique majeure doit être prise en compte, l’individualisation des convictions, des croyances et des pratiques. Ce ne devrait donc pas être essentiellement les structures préconstituées qui porteront ce spiritualisme, mais celles-ci devront accueillir en leur sein une demande d’autant plus importante que le référent religieux de certains rituels se trouvera en décalage avec la disparition de leur traduction sociale. Pour des obédiences comme la GLNF et celles qui en sont issues, équation GADLU=Dieu pourrait être de plus en plus difficile à tenir. On peut prévoir en effet une crise de la transcendance au profit de la juxtaposition des immanences, des petites dieux personnels.

1 COMMENTAIRE

  1. La crise du catholicisme est effectivement une réalité en ce qui concerne l’encadrement mais est-ce de la même ampleur pour l’institution ? Ce n’est pas évident car d’autres éléments permettent de voir que l’attachement à l’institution reste très fort : à titre d’exemple l’audience des medias de l’église catholique reste très importante. Le caractère institutionnel d’une organisation (c’est également vrai pour le GODF) peut être considéré comme une assurance contre “l’usure” ! Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer la capacité d’adaptation de l’église catholique et l’émergence de nouvelles pratiques !
    Quoiqu’il en soit il est clair que le spiritualisme religieux s’exprimera sûrement différemment qu’aujourd’hui !

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Jacques Fontaine
Jacques Fontaine
Jacques Fontaine est né au Grand Orient de France en 1969.Il se consacre à diffuser, par ses conférences, par un séminaire, l’Atelier des Trois Maillets et par une trentaine d’ouvrages, une Franc-maçonnerie de style français qui devient de plus en plus, chaque jour, « une spiritualité pour agir ». Il s’appuie sur les récentes découvertes en psychologie pour caractériser la voie maçonnique et pour proposer les moyens concrets de sa mise en œuvre. Son message : "Salut à toi ! Tu pourrais bien prendre du plaisir à lire ces Cahiers maçonniques. Et aussi connaître quelques surprises. Notre quête, notre engagement seraient donc un voyage ? Et nous, qui portons le sac à dos, des bagagistes ? Mais il faut des bagagistes pour porter le trésor. Quel est-il ? Ici, je t’engage à aller plus loin, vers cette fabuleuse richesse. J’ai cette audace et cette admiration car je suis un ancien maintenant. Je me présente : c’est en 1969 que je fus initié dans la loge La Bonne Foi, à Saint Germain en Laye, au Rite Français. Je travaille aussi au Rite Opératif de Salomon. J’ai beaucoup voyagé et peu à peu me suis forgé une conviction : nous, Maçons latins, sommes en train d’accoucher d’une Voie maçonnique superbe : une spiritualité pour agir. Annoncée dès le début du XXème siècle. Elle est en train de se déployer et nous en sommes les acteurs plus ou moins conscients mais riches de loyauté.
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